Le yoga nu gagne en popularité. Oui, oui, vous avez bien lu: yoga nu. Et non, ces cours ne sont pas organisés par la Fédération québécoise de naturisme. Le nude yoga est un mouvement né dans la communauté gaie de la Grosse Pomme, à l'instigation d'Aaron Star. Il existe bien quelques classes mixtes, mais il s'agit avant tout d'une affaire d'hommes. À Montréal, c'est au studio de David Flewelling, Mudra Force, que les adeptes de yoga nu peuvent se réunir.

Le danseur et professeur s'intéresse au yoga nu depuis 2006. Lorsqu'il a décidé de l'enseigner dans son studio du Vieux-Montréal (qui déménage cet l'été rue Panet), il a commencé par distribuer des prospectus dans le Village. «Je me suis dit que si je réussissais à attirer au moins huit personnes, je le faisais.» Ça n'a pas pris de temps. Aujourd'hui, David Flewelling donne six cours de yoga nu par semaine. Il peut y avoir jusqu'à 26 hommes dans son studio.

 

«J'ai voulu bâtir ma clientèle très lentement. Dès qu'on fait de la publicité pour une activité qui se déroule dans le plus simple appareil, il faut s'attendre à ce que certaines personnes se présentent avec des motifs secrets. Mais on les reconnaît assez vite. Dans ce temps-là, j'augmente un peu le degré de difficulté du cours. Si la personne ne revient pas, c'est souvent parce qu'elle n'était pas là pour le yoga.»

 

Photo: David Boily, La Presse

Parlons-en justement, du yoga. Qu'est-ce que la nudité peut apporter à la pratique? Pour le Vancouvérois d'origine, qui transmet les enseignements de Patanjali depuis plus de 12 ans, le studio Mudra Force est un espace qui favorise la franche camaraderie, pour que les hommes forment entre eux des relations intimes, sensuelles mais non sexuelles, dans un environnement sûr.«Il faut dire aussi qu'il y a beaucoup de déviance et de dépendance sexuelle dans la communauté gaie. Plusieurs hommes ont besoin d'apprendre à maîtriser leurs pulsions. Ils ont besoin d'apprendre ce qu'est l'érotisme, la sensualité, sans que cela ne mène toujours à une relation sexuelle. Le yoga nu peut nous amener à mieux gérer notre énergie sexuelle. Certains de mes élèves ont peur d'avoir une érection pendant le cours. Je leur dis que c'est tout à fait normal et naturel et que si on n'en fait pas tout un cas, ça va passer et ça ne se reproduira probablement jamais.»

On le sait, le culte du corps peut être assez important chez les hommes qui aiment les hommes. Mais, contrairement au studio Hot Nude Yoga d'Aaron Star, David Flewelling n'exige pas de ses futurs élèves qu'ils envoient une photo avant de participer à un cours. «Je ne trouve pas ça très yogique! J'accepte les hommes de tous les âges et de toutes les tailles. Ça peut néanmoins devenir un peu puéril au moment de faire des postures à deux. Certaines personnes sont parfois mises de côté. J'essaie avant tout d'encourager une attitude saine et positive à l'égard de toutes les parties du corps.»

Dans cette optique, le yoga nu pour femmes n'aurait-il pas aussi sa raison d'être? «La relation avec l'image corporelle est différente pour les hommes et les femmes. Il y a une professeure de yoga qui a essayé d'organiser un cours de yoga nu pour les femmes, mais ça n'a pas fonctionné.»

En ce qui concerne la pratique des asanas (postures de yoga), David Flewelling enseigne un style que l'on pourrait qualifier d'«ashtangar» (mariage de l'ashtanga et de l'iyengar, pour ceux qui s'y connaissent). C'est une pratique physique, dynamique, fluide, dans laquelle le professeur met à contribution sa vaste connaissance de la mécanique du corps et de l'esprit.

www.mudraforce.com

Photo: David Boily, La Presse