La communauté internationale doit redoubler d'efforts pour que les femmes du monde entier aient accès à la contraception et à un suivi médical de leur grossesse, a plaidé mercredi à Berlin une importante responsable de l'ONU.

«Il en coûterait au monde 23 milliards de dollars par an pour mettre un terme aux grossesses non désirées et aux décès pendant les accouchements», a assuré lors d'une conférence de presse Thoraya Ahmed Obaid, directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), qui finance notamment des campagnes en faveur de la contraception.Cette somme équivaut à «moins de 10 jours de dépenses militaires dans le monde», a souligné la responsable saoudienne, qui s'exprimait au premier jour d'un colloque sur «le développement et la santé en matière de sexualité et de procréation», réunissant quelque 400 experts et délégués d'organisations non gouvernementales (ONG).

Chaque minute, une femme meurt des suites des complications de la grossesse ou d'un accouchement, ce qui représente 500.000 décès par an, ont précisé les organisateurs de ce forum.

Les participants, venus de 131 pays, entendaient tirer un bilan provisoire des engagements souscrits par la communauté internationale en 1994 au Caire, lors de la Conférence internationale pour la population et le développement (CIPD), et dont l'ONU doit procéder à une évaluation globale en 2015.

La conférence du Caire, qui pour la première fois avait abordé les problèmes de population non pas sous l'angle du contrôle démographique, mais des droits et libertés individuels, s'était soldée par un programme d'action signé par les 179 pays participants, qui promettait de consacrer aux politiques de population (planning familial, santé maternelle) au moins 17 milliards de dollars par an.

Depuis 1994, «il y a eu des succès, tout n'est pas lugubre», a souligné Mme Obaid, citant la hausse du recours à la contraception. Cependant plus de 200 millions de femmes dans les pays en voie de développement n'y ont toujours pas accès alors qu'elles le souhaiteraient, occasionnant 76 millions de naissances non désirées chaque année.

Mme Obaid s'est par ailleurs félicitée que, depuis l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, les Etats-Unis aient radicalement changé d'attitude vis-à-vis de l'UNFPA.

«Bien sûr, nous sommes très heureux que les Etats-Unis soutiennent à nouveau activement l'UNFPA», a souligné la directrice du Fonds, qui recevra en 2009 50 millions de dollars de subventions du gouvernement américain, après sept ans sans aucun financement.

Le président George Bush avait justifié ce refus en accusant l'UNFPA d'être associé aux programmes d'avortement et de stérilisation forcés en Chine. Son administration avait préféré financer des campagnes de promotion de l'abstinence, notamment en Afrique.

Son successeur Barack Obama a adopté une position inverse: Il a rétabli le financement d'organisations pratiquant ou facilitant l'avortement et le contrôle des naissances.