Qui dit mode hypersexualisée ne dit pas sexualité débridée, note Mariette Julien, professeur à l'École supérieure de mode de Montréal de l'UQAM.

«Je suis toujours étonnée des propos alarmistes. Les jeunes ne voient pas leur corps de la même façon. On vit dans une société du visuel, ils n'ont pas la même notion de pudeur. Leur corps est public. Chez les jeunes filles, c'est surtout pour imiter leurs modèles et imiter leurs pairs. Le vêtement n'a pour elles aucune connotation sexuelle.»

 

Dans une société qui mise sur l'instantanéité, la célébrité, la performance et la jeunesse, on veut attirer le regard, ajoute Mariette Julien. «On vit dans un monde de représentation, on veut montrer la marchandise. La mode hypersexualisée ne touche pas que les jeunes, mais les femmes de tous âges. Comment la jeune fille peut-elle se dissocier de la génération précédente si sa mère s'habille comme elle? En se dénudant encore plus. Sinon, comment choquer?»

«L'adolescence reste une période de découverte de soi. Les désirs émergent et on veut bien paraître dans le regard de l'autre. Il y a un moment où on veut manifester notre sexualité et mettre en valeur son corps. C'est typique de l'adolescence», souligne Martin Blais, professeur de sexologie à l'UQAM.

Pas nouveau

La mode sexy ne date pas d'hier. On se rappelle le look pin-up, la tunique transparente hippie, la minijupe... Le courant actuel, inspiré du look rebelle des punkettes d'Angleterre et repris par Madonna, est aussi influencé par la pornographie, note Mariette Julien. Au Japon, la jupe transparente a actuellement la cote! «Comme la mode est en lien avec les valeurs de la société, on commence néanmoins à voir un contre-courant en Californie et en Angleterre. On parle de mode écolo, prônant le look naturel et les matières éthiques. « À suivre.