Une autre tempête souffle sur l'industrie de la charcuterie, un an après la crise de la listériose. Mais cette fois, les dommages risquent d'être permanents: le Fonds mondial de recherche contre le cancer, organisme de référence en la matière, demande aux parents de cesser de donner des charcuteries à leurs enfants.

Ce sont les liens entre la consommation de charcuteries et le cancer colorectal qui amènent le Fonds à mettre un holà définitif à la consommation de jambon, de salami et autres saucissons de Bologne dès le plus jeune âge.

 

La littérature scientifique ne s'intéresse pas précisément aux conséquences de la consommation de charcuteries pour les enfants, mais les experts du Fonds estiment que l'alimentation des petits définit en grande partie leurs futurs choix alimentaires.

Les nitrites au banc des accusés

Le Fonds avait déjà mis les charcuteries à l'index dans son important rapport sur les habitudes de vie publié en 2007. On y recommandait de limiter les viandes rouges, mais d'éviter carrément «les viandes préparées» comme le bacon, les saucisses à hot-dog, mais aussi les charcuteries industrielles et toutes celles auxquelles on a ajouté du sel et des agents de conservation. Au banc des accusés, les nitrites, souvent montrés du doigt par les experts de la santé. Les nitrites permettent aux charcuteries de se détériorer moins rapidement et de conserver une belle couleur rosée. Le problème, c'est qu'une fois ingérées, elles se transforment en molécules dont les propriétés cancérigènes ont été prouvées.

En 2007, l'Institut national du cancer français a calculé que le risque de cancer colorectal augmentait de 21% par portion de 21 g de charcuteries consommées quotidiennement. C'est d'ailleurs cette répétition que craint Marni Craze, responsable du programme d'éducation des enfants au Fonds. «Si un enfant mange de la viande préparée dans son lunch tous les jours, à la fin de l'année scolaire, il en aura mangé beaucoup», écrit-elle dans le communiqué annonçant les nouvelles recommandations pour les enfants.

Ici, la Société canadienne du cancer préfère s'en tenir aux recommandations initiales du Fonds mondial: les charcuteries, le moins possible.

«Notre recommandation est une consommation maximale de trois portions de 85 g de viande rouge par semaine et encore moins de charcuteries, explique André Beaulieu, de la Société canadienne du cancer. Les études font plus de liens entre le cancer et les charcuteries qu'entre le cancer et la viande rouge.»

Obésité et cancer

Les études montrent aussi un lien entre l'obésité et le cancer, rappelle Beaulieu, et les charcuteries sont souvent très grasses et très salées.

Les consommateurs qui décident d'en mettre tout de même dans le panier devraient prendre le temps de regarder les étiquettes, conseille-t-il, et choisir des produits faibles en gras, avec moins de sodium et sans nitrites.

À une dizaine de jours de la rentrée scolaire, l'idée de sortir définitivement le jambon cuit de la boîte à lunch a de quoi donner des maux de tête aux parents. Le Fonds leur conseille de plutôt penser à la volaille et au poisson, comme le thon en conserve, ainsi qu'au fromage faible en gras et à des préparations telles que l'houmous ou purée de pois chiches au moment de faire les sandwichs des écoliers.

À la Société canadienne du cancer, on rappelle aussi l'importance de varier son alimentation. Tant dans l'assiette que dans la boîte à lunch.