L'insomnie peut déclencher des crises maniaco-dépressives chez les personnes qui y sont prédisposées, ont découvert des psychologues américains.

Leurs travaux rejoignent un nombre grandissant d'études qui démontrent que ce n'est pas la maladie psychiatrique qui cause l'insomnie, mais plutôt le contraire.

L'insomnie a notamment été liée à la dépression, et des pédopsychiatres ont évalué que les enfants hyperactifs sont cinq fois plus susceptibles de souffrir d'apnée du sommeil, ont découvert des pédiatres de l'Université de Louisville, au Kentucky. Leur étude, publiée dans la revue Pediatrics en 2007, montrait que le quart des enfants ayant un diagnostic de déficit d'attention et d'hyperactivité faible faisaient de l'apnée du sommeil, contre 5% des enfants ayant le même diagnostic sous une version sévère, et 5% des enfants ne souffrant pas de ce trouble psychiatrique. Les chercheurs avançaient que la fatigue suscitée par l'apnée causait des symptômes similaires à l'hyperactivité. Cette thèse est renforcée par une étude sur des enfants ayant subi une amygdalectomie, rapportait récemment le magazine The New Scientist : avant l'opération, les enfants avaient souvent un diagnostic d'hyperactivité qui disparaissait quand leurs amygdales cessaient de leur causer des troubles respiratoires durant leur sommeil.

Les bases physiologiques du lien entre sommeil et maladie psychiatrique tournent autour d'hormones rendant anxieux, et qui entravent le traitement des émotions. Le New Scientist donne l'exemple de l'irritation qui nous hante souvent après une nuit trop courte.

Même si elle n'est pas la cause de tous les troubles psychiatriques, l'insomnie peut aider à prédire leurs cycles. Un spécialiste du sommeil de l'Université Harvard, Robert Stickgold, a avancé en mai dernier dans le Journal américain de psychiatrie que l'insomnie chez les maniaco-dépressifs et les schizophrènes doit être considéré comme un signe qu'une crise s'en vient.

Ce champ d'études a été lancé à la fin des années quatre-vingts par une étude prospective qui avait suivi un millier de médecins pendant 34 ans. Les chercheurs de l'Université John Hopkins avaient découvert que les médecins qui rapportaient des problèmes de sommeil durant leurs études avaient deux fois plus de risque de devenir dépressifs durant la période de suivi.