L'intérieur des vieilles voitures et les parapluies inutilisables peuvent trouver une deuxième vie. Comment? En devenant des sacs à bandoulière pour les ordinateurs portables ou l'épicerie. Mieux, vous pourriez vous retrouver avec un descendant de Mustang ou de Porsche.

La fondatrice de Bagnole, la designer de vêtements Isabelle Bérubé, a eu il y a cinq ans l'idée de réutiliser les ceintures de sécurité et le cuir des voitures pour les transformer. Des sacs ont pris forme dans son esprit. En cuir très résistant et unique, chaque modèle est unique et fait main.

Après de multiples recherches, Bagnole s'est associée à Pièces automobiles Lecavalier, qui lui fournit le matériel gratuitement. «Les voitures sont recyclables presque à 100%, mais pas les ceintures, le cuir des fauteuils, les sacs gonflables et les boutons du tableau de bord. C'est ce que j'utilise pour confectionner mes sacs.» Isabelle Bérubé récupère aussi les tapis, les fils électriques et les lumières intérieures comme le plafonnier pour décorer les sacs.

La fondatrice de Bagnole a ses voitures préférées. Le tissu des voitures asiatiques est de meilleure qualité que celui des américaines. Le cuir des Ford est l'un des meilleurs, ainsi que celui des Volvo ou des Cadillac. Elle n'aime pas les voitures trop vieilles qui donne peu de matériel utilisable.

Les sacs se vendent entre 190 et 350$ selon le modèle et le type de cuir. Un sac fait sur mesure personnalisé par l'inscription d'un nom ou d'un message à l'intérieur, ou en cuir de BMW, coûtera plus cher. «Une femme m'a fait inscrire un poème à l'intérieur d'un sac qu'elle destinait à son conjoint. Plus souvent, c'est le nom de la personne que j'y couds».

Autre demande spéciale, un homme lui a commandé un sac fait du cuir de sa Volvo, qu'il adorait.

Si Bagnole fait du sur-mesure, elle a aussi des sacs haut de gamme comme ceux en cuir rouge d'une ancienne Mustang. La créatrice a également récupéré un morceau de cuir de Porsche qu'elle ne peut se résoudre à découper. «Ce morceau de cuir est incroyable, on y trouve aussi le logo de Porsche, c'est très rare et c'est pour cela que je n'ai pas encore eu le courage d'en faire un sac. Je ne voudrais surtout pas me tromper».

Après s'être spécialisée dans les sacs de toutes sortes, Bagnole offre maintenant des portefeuilles en cuir au prix de 65$.

Isabelle Bérubé emploie deux personnes et a plusieurs autres projets de récupération en préparation.

Du parapluie au sac

Anu Asikainen a grandi dans la campagne norvégienne, où rien ne se gaspillait ni ne se perdait. Cette conscience écologique a servi la designer de mode lorsqu'elle a décidé, il y a deux ans, de créer Klinika design. Elle fabrique des sacs à partir du tissu des parapluies inutilisables. «J'en voyais beaucoup jetés, brisés, surtout quand il pleuvait. Leur tissu est utilisable et beau, mais la structure est brisée, j'ai donc conçu des sacs d'épicerie qui permettent de le réutiliser», raconte-t-elle.

Deux modèles de sacs existent pour le moment. L'un comporte deux trous au fond dont on peut nouer les côtés. Deux trous qui ont d'ailleurs étonné les acheteurs de l'éco-boutique de la Société de développement environnemental de Rosemont (SODER), le seul endroit où ils sont vendus pour le moment, soulevant des questions sur la fiabilité du sac. Anu Asikainen pensait justement modifier ce modèle, les trous ne faisant visiblement pas l'unanimité.

Comme ils coûtent près de 30$, il est tentant pour les consommateurs d'acheter un sac à moins de 10$ fabriqué en Chine. «Il est certain que je ne pourrai jamais concurrencer ce type de sac. Ce n'est pas le but de ma démarche, qui est de favoriser la réutilisation. Chaque sac est vraiment unique et écologique, fabriqué au Québec», dit-elle.

Que se passe-t-il avec les baleines et le reste du parapluie? Pour le moment Mme Asikainen les entrepose. Elle compte éventuellement les transformer en crochets pour suspendre les manteaux et les vêtements.

Les sacs Bagnole: bagnole.ca

Les sacs Klinika: www.klinikadesigns.com