Dans quelques régions du Québec, les maraîchers ont déjà commencé leurs premières livraisons de fraises, deux semaines plus tôt qu'à l'habitude.

«Avec ces conditions climatiques, on bat des records!» estime Simon Charbonneau, propriétaire de FraiseBec, de Sainte-Anne-des-Plaines, le plus grand producteur du Québec. M. Charbonneau produit des fraises depuis 32 ans. Cette année, il a mangé ses premières le 14 mai, une semaine plus tôt que son record personnel, qui datait de 13 ans. «Il a fait 27° à Pâques», rappelle-t-il pour expliquer ce miracle de Dame Nature.

 

Les grandes chaleurs et la sécheresse des derniers jours donnent des fruits plus petits, mais particulièrement savoureux parce qu'ils ne sont pas gorgés d'eau, explique Louis Bélisle, vice-président de l'Association des producteurs de fraises et framboises du Québec. Le maraîcher de Saint-Eustache faisait la tournée de ses champs, hier, pour la troisième récolte. «Le taux de sucre des fruits est au maximum», dit-il.

Cette apparition hâtive n'est toutefois pas due qu'à la météo. Les fraises du Québec gagnent du terrain année après année, grâce notamment à de nouvelles techniques de production. Des bâches de géotextile accélèrent le mûrissement, et il existe maintenant des variétés que l'on plante à l'automne pour une récolte au printemps suivant.

«Ces techniques nous ont permis de devancer la saison de deux semaines», dit Louis Gosselin, producteur de fraises à l'île d'Orléans. Il est donc loin le temps où l'arrivée des fraises du Québec coïncidait avec la fin des classes. La nouvelle «normale» pour l'arrivée des fraises au Québec est le début du mois de juin dans la région de Montréal et la mi-juin dans la région de Québec, confirme Louis Gosselin. Défiant toutes les probabilités de la nature, certains de ses collègues de l'île d'Orléans ont déjà fait de petites récoltes.

Les consommateurs québécois doivent s'habituer à voir s'étirer la saison des fraises, prévient aussi Simon Parent, de Novafruit, producteur de plants de fraises. «Les producteurs n'ont pas eu le choix s'ils voulaient faire face à la concurrence des fraises importées», explique-t-il. Une plus longue saison permet aussi aux entreprises productrices une meilleure gestion. Simon Parent précise que l'on devrait pouvoir se régaler de fraises du Québec jusqu'à l'Halloween!

Il faudra toutefois attendre un peu avant de se précipiter dans les champs, un petit panier d'osier dans une main et le reste de la famille dans l'autre, pour une journée de cueillette. La plupart des producteurs attendent d'avoir un bon volume de fraises avant d'ouvrir leurs champs au public.