La victoire historique de Cadel Evans dimanche au Tour de France, qui fait de lui le premier Australien à remporter la Grande Boucle, est considérée par la presse australienne comme l'un des plus grands exploits sportifs de l'histoire du pays.

Le succès du coureur de 34 ans est ainsi placé lundi par les journaux au même niveau que les exploits du tennisman Rod Laver ou que le triomphe du voilier australien dans la Coupe de l'America en 1983.

Cadel Evans, qui a devancé les frères Schleck, a atteint «l'une des dernières frontières du sport australien», estime Rupert Guinness, journaliste au Sydney Morning Herald, qui couvre le Tour depuis 1987.

«Voir Evans accomplir un Tour quasi-parfait a été un immense plaisir. Il n'a presque rien raté durant les trois semaines», a-t-il ajouté.

Le journal de Sydney compare Evans à ces plus grands prédécesseurs cyclistes, dont Phil Anderson, premier Australien à revêtir le maillot jaune en 1981, mais aussi Stuart O'Grady et Robbie McEwen. Mais il est sans conteste «le plus grand de tous».

Le Sydney Daily Telegraph tente de son côté de mesurer l'importance de l'exploit du leader de l'équipe BMC, qui a pris le maillot jaune à la veille de l'arrivée grâce à sa performance dans le contre la montre de Grenoble.

Le journal place la victoire d'Evans au-dessus de celle de l'équipe australienne dans la Coupe de l'America en 1983. Le bateau de John Bertrand avait pourtant été le premier à déposséder les États-Unis du trophée qu'ils détenaient depuis la création de la doyenne des épreuves de voile.

Le premier ministre australien de l'époque, Bob Hawke, avait déclaré au lendemain de ce triomphe largement arrosé dans le pays que «tout patron qui virerait un de ses employés aujourd'hui pour ne pas être venu au travail serait un crétin».

Mais le succès d'Evans est classé juste en dessous de ceux du plus grand tennisman australien, Rod Laver, double vainqueur du Grand chelem et numéro un mondial pendant 7 ans de 1964 à 1970.

La première ministre Julia Gillard, qui a rapidement félicité le héros national, a cependant écarté l'idée d'accorder un jour férié, comme beaucoup le suggéraient.

«Je ne peux pas annoncer l'octroi d'un jour férié mais je partage l'avis de Cadel, selon lequel les gens seront plus heureux en allant au travail car nous célébrons sa victoire», a-t-elle déclaré, alors que de nombreux Australiens, en raison du décalage horaire, se sont couchés tard pour suivre la dernière étape du Tour.

Un pont pourrait porter le nom de Cadel Evans, à Barwon Heads, dans l'État du Victoria, où il vit. La création d'une épreuve cycliste à son nom est également à l'étude.

Enfin pour Graham Fredericks, la victoire de Evans va consolider la position de l'Australie comme puissance mondiale du cyclisme, grâce également à une forte présence dans le cyclisme sur piste.

«C'est certainement un énorme coup de fouet pour notre sport, c'est sans aucun doute, le plus grand événement qu'ait connu le cyclisme australien», a déclaré M. Fredericks.

«Nous sommes un acteur majeur du cyclisme et nous disons aux Européens et aux Nord-Américains que nous prenons ce sport très au sérieux», a-t-il ajouté.