Alex Harvey visite Moscou pour la première fois: la circulation chaotique, la difficulté de communiquer, l'apparente indifférence des gens. Même sa coéquipière Dasha Gaïazova, une ex-Montréalaise née en Russie, parvient difficilement à se faire répondre quand elle est à la recherche d'indications. Et il y a ce froid cinglant, qui met en péril la course de samedi à Rybinsk, à 300 kilomètres au nord de la capitale russe.

Au bout du fil, Harvey raconte ses découvertes moscovites avec de l'amusement dans la voix. Pour l'heure, le sprint libre de jeudi n'est pas en péril en dépit de la température sous la barre des moins 20 degrés. Seule petite déception: l'épreuve de Coupe du monde ne sera pas présentée sur la place Rouge, comme prévu, mais dans un boisé en bordure du complexe olympique Luzhniki, à proximité de l'aréna où Paul Henderson a compté son fameux but il y aura bientôt 40 ans.

Bien remis de sa déception du Tour de ski, comme en témoigne sa quatrième place au sprint d'Otepaa, le 21 janvier, le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges aborde la suite de la saison avec enthousiasme. «Par rapport à l'an dernier, je suis en meilleure position au classement cumulatif après le Tour», a rappelé Harvey en revenant d'un ultime entraînement.

Huitième du classement de la Coupe du monde, l'athlète de 23 ans estime que les cinq premières places sont toujours accessibles. Les nombreuses épreuves avec départ de groupe encore à l'horaire devraient le favoriser. «La deuxième partie de la saison me convient le mieux, a-t-il souligné. Je vise de bonnes performances individuelles et des podiums. Ça fera en sorte que je me maintiens mon classement ou que je gagne du terrain.»

Le sprint de Moscou sera une belle occasion puisque la plupart des meneurs au classement, dont le Suisse Dario Cologna, numéro un mondial, ont choisi de faire l'impasse. Attention, les nombreux spécialistes russes de la discipline (Petukhov, Morilov, Kriukov) seront doublement motivés.

Sur de la neige très froide et lente, dont Harvey compare l'effet à du «styromousse», une bonne maîtrise technique sera essentielle. La plus infime mise en carre serait rédhibitoire.

Le positionnement sera aussi très important dans les sections venteuses de ce parcours dénué de relief. Le Québécois y voit un avantage: «Il n'y a aucun moment de répit. Il faut que tu pousses pendant trois minutes. Donc les sprinters peuvent se fatiguer un peu plus vite que les skieurs de distance. Ça va jouer du coude. Il va falloir skier intelligemment et avoir un peu de chance.»

Harvey revient d'une période d'entraînement de 10 jours en Autriche, où deux séances d'intensité avec son compatriote Devon Kershaw l'ont particulièrement encouragé. «Je me sens bien, je suis en bonne forme et j'ai hâte de courir.»

L'Ontarien Len Valjas, cinquième à Kuusamo en début de la saison, sera de la partie à Moscou. Chez les femmes, Gaïazova sera accompagnée de Perianne Jones et Chandra Crawford, deux fois sur le podium depuis le début de la saison.

Ivan Babikov se joindra à Harvey et Kershaw pour les deux courses du week-end à Rybinsk, un 15 km libre départ de groupe, samedi, et une poursuite de 30 km (15 km classique + 15 km libre), dimanche.