Carey Price n'a jamais joué sous les ordres de Pat Burns. Durant l'hommage que le Canadien lui a rendu avant le match de samedi, Price avait pourtant les yeux rivés sur l'écran géant où défilaient les grands moments de la carrière de ce grand coach.

Comme Brian Gionta et Scott Gomez, comme Hal Gill qui a subi les foudres de ce coach bourru avec les Bruins de Boston, et plusieurs des 21 273 spectateurs présents au Centre Bell, Price avait la gorge nouée par l'émotion. Il faut dire que les images étaient belles et que les paroles et la mélodie de In My Life des Beatles les rendaient plus belles encore.

Le jeune gardien avait toutefois une raison supplémentaire d'être chamboulé par cet hommage digne et réussi.

«Monsieur Burns a rédigé un message qu'il m'a transmis par le biais de Kirk Muller au début de la saison. Cela m'a beaucoup touché. Ce message restera gravé ici toute ma vie», a indiqué Carey Price après sa victoire en se touchant la poitrine.

Que disait ce message. «C'est un secret que je veux garder et chérir», a-t-il plaidé.

Même s'il n'a jamais gardé les buts dans la LNH, Pat Burns connaissait une chose ou deux sur les gardiens. Des choses apprises au rythme des hauts et des bas de saisons passées en compagnie des Patrick Roy, Félix Potvin, Byron Dafoe au faîte de sa carrière, et d'un certain Martin Brodeur qui lui a permis de soulever au moins une fois la coupe Stanley en 2003 au New Jersey.

Carrière relancée

Peu importe les mots choisis par Burns, ils ont atteint la cible. Ils ont contribué à relancer la carrière du jeune gardien.

Car samedi, fort d'une autre solide sortie au cours de laquelle il a réalisé 30 arrêts, Price a signé son 4e jeu blanc de la saison dans un gain de 2-0 aux dépens des Maple Leafs.

Ces quatre jeux blancs en 19 matchs égalent son total de blanchissages en 134 parties disputées à ses trois premières saisons dans la LNH.

L'an dernier à pareille date, Price se contentait de quatre maigres victoires.

«J'en suis bien conscient», a reconnu le gardien en esquissant un sourire de satisfaction lorsque La Presse lui a souligné que ses 12 victoires déjà à sa fiche cette saison, le laissaient à un petit gain de son total de 13 en 41 rencontres l'an dernier. Tout ça alors que la première neige se fait encore attendre...

De malaimé qu'il était l'an dernier, pour ne pas écrire méprisé, Carey a repris sa place dans le coeur des partisans et au sein des meilleurs gardiens du circuit. Il occupe, partage ou flirte avec le premier rang pour le nombre de victoires (12), de jeux blancs (quatre), pour la moyenne de buts alloués (2,00) et l'efficacité (93,2 %). Sans oublier le nombre de parties disputées (19).

Première étoile de la LNH la semaine dernière, Price pourrait répéter l'exploit fort de ses deux jeux blancs à ses trois derniers départs.

Bien que ces résultats dépassent, et de loin, les projections des plus optimistes partisans de Price, Hal Gill rappelait, après la victoire de samedi, que son jeune coéquipier affichait déjà une grande confiance au printemps dernier.

«Après avoir vécu et enduré tout ce qui lui était arrivé, il aurait pu réclamer une transaction. Au contraire, il nous disais et vous répétais qu'il tenait à rester à Montréal pour vivre les joies de la victoire. Ça prenait une force de caractère et beaucoup de confiance pour adopter telle position. Il récolte donc ce qu'il a semé.»

Le Canadien et Carey Price ont gagné cinq de ses six derniers matchs. L'attaque massive a donné au moins un but dans chacune de ces victoires. Neuf au total. À l'opposé, les spécialistes de la défensive n'ont accordé qu'un petit but en 23 désavantages numériques.

Des unités spéciales efficaces, un gardien qui effectue les arrêts, un entraineur-chef qui garde le plein contrôle de son équipe et des blessures qui se concentrent sur un malheureux - Andrei Markov - tout en épargnant le noyau offensif de l'équipe. Voilà une recette gagnante qui explique la présence du Canadien au sommet de la division Nord-Est, au troisième rang de son association.