La végétation a permis d'éviter à la Terre un effet d'emballement du climat qui l'aurait conduite à une glaciation totale au cours des dernières 24 millions d'années, selon une étude publiée mercredi dans la revue scientifique britannique Nature.

Voici 50 millions d'années, le climat était chaud et les pôles sans calotte glaciaire. Il s'est ensuite refroidi sur une longue période, tandis que les niveaux de dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre qui contribue à retenir la chaleur des rayons du soleil, diminuaient fortement, malgré les éruptions volcaniques alimentant l'atmosphère en CO2.La végétation, particulièrement les arbres, absorbe le CO2 lors de la photosynthèse, et joue également un rôle dans l'érosion des roches. Les racines des arbres sécrètent des acides qui dissolvent les minéraux et contribuent à fissurer les roches. Une fois dissous dans les eaux de ruissellement, le CO2 peut être entraîné vers les fonds océaniques et y rester piégé longtemps.

Ce processus, susceptible de s'accélérer avec l'apparition des hautes chaînes montagneuses de l'Himalaya et des Andes, aurait dû, en théorie, réduire drastiquement la concentration de CO2 dans l'atmosphère et conduire à une glaciation. Or, cela ne s'est pas produit.

La végétation aurait joué un effet tampon. Souffrant du manque de CO2, sa croissance s'est ralentie dans les zones montagneuses, où l'herbe a remplacé les forêts. L'érosion des roches a diminué, et, en conséquence le piégeage du carbone sur les fonds océaniques, selon une hypothèse formulée par des géophysiciens américains.

«Lorsque la concentration de CO2 dans l'atmosphère de la Terre est tombée de 200 à 250 ppm, les niveaux de CO2 se sont stabilisés», explique le principal auteur de l'étude, Mark Pagani (Université de Yale, New Haven, Etats-Unis) dans un communiqué de presse.

Si la végétation a eu un effet régulateur du climat pour éviter une glaciation par le passé, il ne faut pas compter sur elle pour éviter un réchauffement climatique lié aux activités humaines, selon les chercheurs.

«Nous relâchons du CO2 dans l'atmosphère près de 100 fois plus vite que tous les volcans du monde ensemble», qui ont été, par le passé, la principale source de CO2, souligne Ken Caldeira (Carnegie Institution for Science). Pour le capturer à l'issue des processus naturels d'érosion, il faudra, ajoute-t-il, «des centaines de milliers d'années».