Des chercheurs japonais et américains ont élucidé le secret de la grippe A (H1N1). Elle doit sa très haute transmissibilité entre humains à un mécanisme biochimique jamais encore observé.

«Cela nous donne une autre caractéristique pour identifier les virus susceptibles de causer des pandémies de grippe», commente l'auteur principal de l'étude, publiée dans la revue Public Library of Science Pathogens, Yoshihiro Kawaoka, chercheur aux universités de Tokyo et du Wisconsin.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a été sévèrement critiquée pour avoir qualifié la grippe porcine de pandémie alors qu'elle n'a pas été plus mortelle que la grippe ordinaire. Elle a notamment fait 428 morts au Canada. Entre 2000 et 2006, la mortalité due à la grippe saisonnière a oscillé entre 92 et 678 personnes, dépassant celle de la pandémie à deux reprises. L'OMS révise maintenant ses critères de déclaration d'une pandémie, notamment à partir de travaux comme ceux de l'équipe du Dr Kawaoka, afin de tenir compte davantage de la dangerosité d'un virus et moins de sa capacité à se répandre dans les populations et d'un pays à l'autre.

Le mécanisme utilisé par la grippe porcine pour se reproduire avec plus d'efficacité dans le corps humain provient de la grippe aviaire. La grippe A (H1N1) était composée d'une majorité de gènes de grippes porcines eurasiennes et nord-américaines, avec d'autres fragments de grippes humaines et aviaires.

«C'est cette mutation particulière qui permet au virus A (H1N1) de proliférer aussi bien dans le corps humain», explique le virologue japonais. Ensuite, il lui est plus facile de se propager à d'autres humains par les sécrétions.

L'équipe du Dr Kawaoka avait été la première, l'été dernier, à expliquer pourquoi la grippe porcine frappait davantage les jeunes adultes. Une autre mutation lui permet d'atteindre les cellules situées loin dans les poumons, contrairement à la grippe ordinaire. Les personnes qui ont survécu à la grippe espagnole de 1918-1920 sont protégées contre ce type de mutation.