La sonde européenne Rosetta, qui a entrepris en 2004 un long périple de dix ans à la rencontre d'une comète, va passer vendredi à proximité de la Terre, dont elle va utiliser la gravité pour gagner de la vitesse afin d'être au rendez-vous, en 2014, avec sa lointaine cible.

Après avoir déjà parcouru près de 4,5 milliards de kilomètres depuis son lancement le 2 mars 2004, Rosetta passera au plus près de la Terre vendredi à 3h45: elle survolera alors l'océan Indien au sud de l'île indonésienne de Java à 2481 km d'altitude et à une vitesse de 13,34 km/s (48 000 km/h), selon l'Agence spatiale européenne (ESA).

Ce survol de la Terre sera le quatrième rendez-vous de la sonde avec une planète, après deux passages à proximité de la Terre (en mars 2005 et en novembre 2007) et un autre près de Mars (en février 2007).

Afin d'atteindre, en 2014, la comète 67/P Churyumov-Gerasimenko, Rosetta doit utiliser quatre fois la gravité d'une planète pour rebondir avec l'énergie nécessaire pour achever son périple de plus de 7 milliards de kilomètres.

Dernière étape de cette partie de billard cosmique, le survol de la Terre, vendredi, doit permettre à la sonde d'accroître sa vitesse de 3,6 km par seconde (près de 13 000 km/h).

Aucune fusée existante n'a la capacité d'envoyer une sonde de 3 tonnes directement sur la comète, rappelle l'ESA.

Plusieurs observations du système Terre-Lune, portant notamment sur la recherche d'eau sur la Lune, sont prévues avant que Rosetta ne s'élance vers sa destination finale.

Première sonde conçue pour se placer en orbite autour du noyau d'une comète et pour y larguer un atterrisseur, Rosetta devrait arriver en mai 2014 au lieu de rendez-vous. Le larguage du module d'atterrissage Philae est prévu en novembre 2014 sur la comète 67/P Churyumov-Gerasimenko.

La sonde doit, jusque fin 2015, accompagner dans son orbite autour du Soleil la comète qui s'en approchera à 186 millions de km au cours de l'été 2015, avant de repartir près de cinq fois plus loin.

Les scientifiques attendent de précieuses informations sur la comète, vestige de la nébuleuse primitive qui a donné naissance à notre système solaire, voici 4,5 milliards d'années.

Alors que Rosetta approchait de la Terre, plusieurs de ses instruments ont été activés. Grâce à OSIRIS (Optical, Spectroscopic and Infrared Remote Imaging System), la sonde a pu prendre des images de la Lune. L'observation de l'atmosphère de la Terre, d'aurores boréales et l'étude de la magnétosphère terrestre sont également au programme.

Rosetta pourrait aussi aider à élucider un mystère concernant la gravité, qui intrigue les scientifiques depuis 1990. Des responsables de missions spatiales ont en effet été surpris par d'étranges variations de l'accélération donnée à différents satellites survolant la Terre pour rebondir vers d'autres planètes.

La variation inexpliquée la plus importante se limitait à un excès de vitesse de 13 millimètres par seconde. Cela suffit pour que des chercheurs envisagent une remise en question des lois connues de la gravité.

Une anomalie (1,8 mm/s) avait été détectée lors du premier survol de Rosetta en 2005, mais pas en 2007. Des mesures précises seront prises au cours de ce nouveau survol, précise l'ESA.

«Plus nous aurons de données, plus nous aurons de chances d'aboutir à une réponse», explique Trevor Morley du Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) de l'ESA à Darmstadt (Allemagne).