Je reviens de Suède impressionnée une autre fois par le pragmatisme scandinave. La social-démocratie suédoise n'est pas figée dans un modèle préconçu. Elle s'adapte aux changements de son environnement économique, et ce, de manière continue.

Je reviens de Suède impressionnée une autre fois par le pragmatisme scandinave. La social-démocratie suédoise n'est pas figée dans un modèle préconçu. Elle s'adapte aux changements de son environnement économique, et ce, de manière continue.

J'étais curieuse de savoir si la poursuite du plein emploi était toujours au coeur de la politique économique, si le système de «bon» en éducation était encore en vigueur et quelle était la place du privé en santé.

L'objectif du plein emploi transcende toujours la politique publique suédoise. C'est le but premier de sa politique budgétaire. Aussi, la politique de l'emploi suédoise comporte plusieurs mesures qui varient selon la conjoncture et qui font l'objet d'ententes réciproques avec les personnes en chômage. L'accent est mis sur les mesures actives plutôt que sur le soutien passif du revenu. Le gouvernement poursuit le principe du «work-first principle» qui rend le travail rémunéré toujours plus alléchant que les mesures passives de soutien du revenu. La politique de l'emploi suédoise vise également la réduction de l'exclusion par des mesures d'intégration par le biais de programmes spéciaux; elle est aussi accompagnée d'une stratégie visant la formation, l'éducation et la reconnaissance des acquis.

Le système d'éducation suédois est complètement accessible et gratuit. En même temps, il vise l'efficacité dans la livraison des services éducatifs. Si les études universitaires sont gratuites et accompagnées d'un système de prêt universel, les programmes universitaires sont contingentés et les places sont attribuées en fonction du dossier scolaire, ce qui motive les étudiants préuniversitaires à obtenir de bons résultats.

Au primaire et au secondaire, toutes les écoles, privées et publiques, sont gratuites et financées à partir d'un système de bons. C'est la liberté du choix de l'école qui prévaut, favorisant la concurrence dans le système. Depuis quelques années, le gouvernement a entrepris d'ouvrir davantage la porte aux écoles privées. Ainsi, certaines écoles sont gérées par des collectifs de professeurs, d'autres par des entreprises privées et commerciales. Pour assurer, la prise ne compte des besoins de tous les élèves, le gouvernement a mis en place un système d'inspection qui assure la qualité des services et qui s'appuie sur l'internet.

Au chapitre de la santé, mis à part le système de ticket modérateur adopté depuis longtemps, le système de santé suédois est gratuit et financé par l'État. Les hôpitaux suédois sont financés en fonction des épisodes de soins, c'est-à-dire que le financement suit le patient. De plus, comme dans le cas de l'éducation, la Suède a commencé à privatiser les hôpitaux. Ainsi, les services de santé sont accessibles à tous, mais la livraison des services est ouverte aux entreprises privées. À suivre.

Malgré ces réformes, la Suède demeure une social-démocratie. Elle en respecte les principes fondamentaux que sont le plein emploi, la poursuite de l'égalité des chances pour tous, des services de santé et d'éducation universels et accessibles à tous.

Ma petite enquête informelle m'a permis de constater que ces réformes semblent généralement bien acceptées. Le recours au privé est considéré comme un moyen d'assurer la pérennité de la social-démocratie. J'ai demandé pourquoi les syndicats du secteur public n'ont pas saboté ces réformes. On m'a répondu que c'était socialement mal vu pour eux de s'opposer aux réformes gouvernementales. À vérifier. Enfin, tout n'est pas parfait et il y a des débats, mais cela n'empêche pas la Suède d'évoluer en fonction des impératifs du XXIe siècle.