Même si sa progression inquiète l'Occident, le projet nucléaire iranien accumule les tuiles depuis quatre ans. Disparition de scientifiques de haut niveau, écrasement de deux avions cargo transportant de précieux équipements, explosions dans des laboratoires... Selon un journaliste israélien réputé, ce ne sont pas des accidents. Il s'agit d'une guerre secrète menée par le Mossad, l'agence d'espionnage israélienne.

«Le Mossad s'est complètement réorganisé depuis 2002 et a redirigé ses efforts sur un objectif unique, l'Iran», explique en entrevue téléphonique Ronen Bergman, journaliste au quotidien israélien Yedioth Ahronoth, qui a publié le livre The Secret War With Iran. «Il y a énormément de pression pour que des opérations de sabotage et d'assassinats soient effectuées contre le programme nucléaire et le soutien iranien au Hamas et au Hezbollah.»

 

Ce printemps, le journaliste ajoutait, dans un essai publié par le Wall Street Journal, une deuxième conclusion à son livre: l'espionnage israélien est revenu aux plus hauts niveaux et accumule les succès, mais ne parvient pas à diminuer le niveau de danger pour Israël.

«La réalité sur le terrain n'a pas changé. Le Hamas et le Hezbollah sont encore populaires et l'Iran pourrait avoir sa première bombe en 2010. L'espionnage est très important, mais seules les décisions diplomatiques et militaires permettront d'assurer la sécurité d'Israël. De la même façon que les attentats terroristes ne peuvent pas vaincre Israël, l'Iran ne pourra pas être vaincu par le travail de sape du Mossad.»

La renaissance du Mossad a été l'oeuvre du général Meir Dagan, placé à sa tête en 2002 par Ariel Sharon. «Dagan dirigeait dans les années 1970 une unité secrète qui assassinait des hauts dirigeants du Fatah, dit M. Bergman. Il a reçu le mandat de transformer le Mossad, qui était devenu allergique aux risques opérationnels. Sharon voulait «un Mossad avec un couteau entre les dents». Dagan a mis l'accent sur les opérations contre l'Iran et a développé un réseau très étoffé de collaborations avec les agences d'espionnage européennes et du Moyen-Orient, pour compléter la collaboration avec la CIA.»