Le président afghan Hamid Karzaï a déposé lundi sa candidature à l'élection présidentielle d'août, fort de l'appui de deux anciens chefs de guerre, dont son ex-rival Mohammad Qasim Fahim, une figure clé de l'opposition, candidats à la vice-présidence.

M. Karzaï a déposé dans la matinée sa candidature pour un nouveau mandat auprès de la Commission électorale indépendante, avec à ses côtés Mohammad Qasim Fahim et Karim Khalili comme candidats aux deux postes de vice-président.

«Notre but est de servir le peuple afghan», a déclaré Hamid Karzaï aux journalistes.

La présence de Karim Khalili sur le «ticket» Karzaï n'a pas surpris, car cet ancien chef de guerre de la minorité hazara est un de ses alliés les plus fidèles et il exerce déjà la fonction de vice-président.

Par contre, le maréchal Mohammad Qasim Fahim, un tadjik proche du défunt commandant Ahmad Shah Massoud au sein de l'Alliance du Nord, a longtemps été un de ses plus farouches opposants.

Comme Karim Khalili, il a été accusé d'avoir commis des crimes de guerre au cours de la guerre civile qui a suivi la chute du gouvernement communiste (1992), avant la prise de pouvoir des talibans (1996).

Ancien ministre de la Défense de M. Karzaï, il avait été brutalement écarté du gouvernement en 2004.

Des responsables de l'ONU ayant requis l'anonymat ont fait part à l'AFP de leur «consternation» devant ce choix.

«Une nouvelle fois, nous offrons le spectacle au peuple afghan et au monde entier d'un pays où la culture dominante reste celle des chefs de guerre», a regretté pour sa part la députée indépendante Shukria Barakzaï.

En choisissant ses co-listiers dans les communautés tadjike (la deuxième du pays) et hazara, Hamid Karzaï, issu de la majorité pachtoune, se présente en défenseur de l'unité nationale.

L'élection présidentielle se tiendra le 20 août. Si aucun candidat n'atteint 50% des voix, un second tour sera organisé pour départager les deux candidats arrivés en tête.

Il s'agira du deuxième scrutin présidentiel au suffrage universel direct de l'histoire du pays. Le premier avait été remporté avec 55% des voix fin 2004 par M. Karzaï, de plus en plus contesté en raison de son échec face à la montée de la violence et de la corruption.

Trois de ses anciens ministres, Ashraf Ghani (Finances), Ali Ahmad Jalali (Intérieur) et Abdullah Abdullah (Affaires étrangères), figurent parmi les concurrents les plus sérieux.

De son côté, le populaire gouverneur de Nangarhar (est), Gul Agha Sherzaï, a annoncé samedi qu'il renonçait à se présenter à la présidentielle, une décision prise selon son entourage à l'issue d'une rencontre avec le président Karzaï.