Le Premier ministre portugais José Socrates a annoncé mercredi soir sa démission, moins de deux heures après le rejet par le parlement de son nouveau programme d'austérité, prédisant des «conséquences gravissimes» pour le pays.

«Aujourd'hui, tous les partis de l'opposition ont rejeté les mesures proposées par le gouvernement pour éviter que le Portugal doive recourir à un programme d'aide extérieure», a déclaré M. Socrates dans un communication au pays.

«L'opposition a retiré au gouvernement toutes les conditions pour gouverner. J'ai par conséquent présenté ma démission au président de la République», a-t-il dit.

«Cette crise politique se produit dans l'un des pires moments pour le Portugal», a averti M. Socrates dont la démission intervient à la veille du sommet européen qui doit parachever la réponse de l'UE à la crise de la dette dont le Portugal pourrait être, après la Grèce et l'Irlande, la prochaine victime.

«Cette crise politique, en ce moment, aura des conséquences gravissimes sur la confiance dont le Portugal a besoin auprès des institutions et des marchés financiers», a-t-il affirmé, précisant qu'il serait présent jeudi et vendredi à Bruxelles.

«Le pays ne reste pas sans gouvernement. Le gouvernement remplira entièrement son devoir dans le cadre des compétences d'un gouvernement de gestion», a-t-il ajouté, précisant qu'il serait de nouveau candidat, «avec la même détermination que toujours», aux élections anticipées qui pourraient être convoquées par le président Anibal Cavaco Silva pour la fin mai ou le début juin.

Depuis plusieurs jours, l'ensemble de l'opposition, de l'extrême-gauche à la droite, avait affiché sa détermination à provoquer la chute du gouvernement Socrates, accusé d'avoir «menti au pays» sur la situation financière du pays et de s'être engagé auprès des institutions européennes sur un programme d'austérité, le quatrième en moins d'un an, sans aucune concertation interne préalable.

Mercredi, l'opposition a voté à l'unisson le rejet de ce nouveau programme, qui, aux yeux du gouvernement, devait «garantir» la réduction du déficit public à 2% du PIB à l'horizon 2013 et éviter le recours à l'aide extérieure.

«Le rejet de ce plan va aggraver les conditions de financement du pays et créer des difficultés supplémentaires que je doute que nous pourrons surmonter seuls», a prévenu lors du débat parlementaire le ministre des Finances Fernando Teixeira dos Santos.

«Le fait que le gouvernement reconnaisse que le pays est au bord de formaliser une demande d'aide extérieure pour calmer les marchés suffit à donner la dimension du drame auquel ce gouvernment nous a conduit», lui a répondu Manuela Ferreira Leite, ancienne ministre des Finances de l'actuel président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

«Il est de notre responsabilité de mettre un terme au déclin inexorable vers lequel nous conduit ce gouvernement», a insisté l'ancienne dirigeante du parti social-démocrate (PSD, centre-droit).

Ces derniers jours, le chef du PSD, Pedro Passos Coelho, futur Premier ministre pressenti, avait multiplié les gages à l'égard des marchés et de Bruxelles, où il sera présent jeudi pour assister à une réunion des dirigeants du Parti populaire européen (PPE).

Se disant prêt à «collaborer avec le FMI et l'UE» dans le cadre d'un programme d'aide, il s'est «solennellement» engagé à réduire les déficits comme prévu et à accélérer les réformes structurelles qu'il réclame depuis des mois.

Pour y parvenir, il s'est dit favorable à la mise en place d'un «gouvernement de majorité élargie», seul à même, selon lui, d'imposer aux Portugais de nouveaux «sacrifices».

«Je suis convaincu que le chemin que nous allons suivre maintenant, un chemin normal en démocratie, permettra au pays de choisir un nouveau gouvernment, avec plus de confiance, plus de force et de détermination pour vaincre la crise que nous vivons», a-t-il affirmé mercredi soir.