La crise politique s'est envenimée en Albanie, samedi, alors que le gouvernement et l'opposition se sont mutuellement blâmés pour la mort de trois individus lors d'une manifestation violente contre une administration accusée de corruption endémique.

Le bureau du procureur général a indiqué que des mandats d'arrêt avaient été émis contre six officiers de la Garde nationale, des forces militaires sous le commandement du ministère de l'Intérieur qui protègent les institutions gouvernementales et des hauts responsables.

Les tensions grimpent depuis des mois entre le gouvernement conservateur albanais et le Parti socialiste, principale force de l'opposition.

Elles ont fortement augmenté la semaine dernière, lorsque le vice-premier ministre Ilir Meta a démissionné après qu'une station de télévision privée eut diffusé une vidéo le montrant en train de demander à une collègue d'influencer l'attribution d'un contrat pour construire une centrale énergétique.

Vendredi soir, des manifestants ont renversé et brûlé des véhicules de police, et se sont heurtés à des agents qui les ont dispersés avec des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau. Deux hommes ont été mortellement atteints par balles au torse, et un autre est mort après avoir reçu un coup à la tête.

Les États-Unis et l'Union européenne ont tous deux appelé au calme.

Les hommes ont été tués par des «bandits» au sein des rangs des manifestants, a déclaré, lors d'une conférence de presse, le premier ministre Sali Berisha, qui a également accusé le Parti socialiste d'avoir fomenté un coup d'État.

Il a poursuivi en affirmant que les manifestants comprenaient «des bandes de criminels, des bandits, des trafiquants et des terroristes» qui tentaient de renverser le gouvernement avec une manifestation «de style tunisien», faisant référence aux émeutes qui ont mené à l'exil du président tunisien ce mois-ci.

Le chef du Parti socialiste, Edi Rama, a accusé M. Berisha d'être «l'orchestrateur politique» des morts, et a appelé à l'arrestation du ministre de l'Intérieur, Lulzim Basha.