Normalement, c'est avec soulagement que l'entourage d'une personne aux prises avec une dépendance quelconque accueille sa décision de suivre un traitement approprié. Le cas d'Anthony Weiner, ce représentant démocrate accro aux échanges osés sur l'internet, est peut-être l'exception à la règle.

Sur la sellette depuis deux semaines, l'élu de New York a réitéré samedi matin son refus de démissionner lors d'un entretien téléphonique avec Nancy Pelosi, chef des démocrates à la Chambre des représentants. Il lui a plutôt annoncé son intention de demander une brève période d'indisponibilité, le temps de recevoir une assistance professionnelle.

Quelques heures plus tard, trois dirigeants démocrates, dont Nancy Pelosi, ont fait connaître leur mécontentement. À quelques minutes d'intervalle, ils ont diffusé des déclarations réclamant la démission de Weiner, qui a avoué lundi dernier avoir envoyé des photos et des messages inconvenants sur le réseau social Twitter à des femmes rencontrées en ligne.

«Le représentant Weiner reçoit l'amour de sa famille, la confiance de ses électeurs et il est conscient qu'il a besoin d'aide. Je presse le représentant Weiner de chercher cette aide sans la pression liée à son statut de parlementaire», a déclaré Nancy Pelosi dans un communiqué.

«C'est avec une grande déception que j'appelle le représentant Anthony Weiner à démissionner», a déclaré de son côté la présidente du Comité national du Parti démocrate, Debra Wasserman Schultz.

Le blitz des dirigeants démocrates contre Anthony Weiner met en relief leur vive inquiétude face à un scandale susceptible de nuire à l'image de leur parti à l'approche de l'élection présidentielle. Marié depuis 11 mois à une femme enceinte de 10 semaines, le politicien de 46 ans n'a sans doute pas aidé sa cause vendredi en reconnaissant qu'il avait échangé des messages en ligne avec une jeune fille de 17 ans. Il a assuré que leurs conversations n'avaient été ni obscènes ni indécentes, une précision qui en dit long sur la situation trouble dans laquelle il se trouve.

Isolement

Le blitz démocrate contre Weiner illustre également l'isolement spectaculaire d'un parlementaire considéré jusqu'à tout récemment comme une étoile montante au sein de son parti. Élu pour la première fois en 1998 à la Chambre des représentants, ce New-Yorkais hyperactif et verbomoteur était devenu un héros aux yeux de plusieurs progressistes. Bête médiatique, il s'est surtout fait connaître grâce à des entrevues télévisées et à des discours passionnés qui mettaient en évidence sa capacité à résumer en quelques mots des problèmes complexes et à attaquer les républicains de façon mémorable.

Mais cet ex-conseiller municipal qui rêvait à la mairie de New York n'a jamais été du genre à cultiver des alliances ou à nouer des amitiés auprès de ses collègues démocrates. Son comportement à Washington était celui d'un loup solitaire.

Et il est resté fidèle à cette image samedi après-midi en restant sourd aux appels à sa démission.

«Le représentant Weiner est parti ce matin pour chercher un traitement professionnel qui l'aide à devenir un meilleur mari et une personne plus saine», a déclaré sa porte-parole, Risa Heller, après l'intervention de Nancy Pelosi et cie. «Dans cette perspective, il va demander une brève période d'indisponibilité auprès de la Chambre des représentants avant de subir des évaluations et d'établir un traitement pour qu'il aille mieux.»

Nouvelles photos

Au lendemain de cette annonce, le site internet TMZ a publié de nouvelles photos qu'Anthony Weiner a prises de lui dans le gym réservé aux membres de la Chambre des représentants. L'une de ces photos, qu'il aurait envoyée à au moins une femme, le montre presque nu, une main recouvrant ses parties intimes avec un bout de serviette, l'autre main se servant d'un BlackBerry pour se prendre en photo devant un miroir.

Anthony Weiner semble vraiment avoir besoin de l'aide d'un psy. Au cours des derniers mois, il a envoyé par Twitter plusieurs photos osées de lui en sachant qu'il était épié par un groupe d'internautes conservateurs. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il se fasse prendre.

Au bout du compte, l'avenir politique d'Anthony Weiner reposera peut-être entre les mains de sa femme, Huma Abedin, proche collaboratrice d'Hillary Clinton. Née au Michigan il y a 35 ans d'un père indien et d'une mère pakistanaise, Abedin est également très proche de Bill Clinton, qui a présidé à son mariage avec le représentant de New York.

Selon plusieurs sources, Weiner ne prendra aucune décision définitive concernant son avenir avant le retour de sa femme d'un voyage à l'étranger avec la secrétaire d'État américaine. Partie la semaine dernière, Huma Abedin doit rentrer jeudi aux États-Unis.

D'ici là, Anthony Weiner devrait avoir commencé sa thérapie.