À Chicago, dans l'un des centres communautaires juif abritant une école et une synagogue pour la communauté homosexuelle à laquelle était adressée l'un des colis piégés du Yémen, l'alerte mondiale a «choqué», «un peu effrayé» mais «pas davantage intimidé».

«C'est sûr, c'est un choc de savoir qu'on est pris pour cible, et dans notre cas, qu'un partenaire est visé mais c'est la réalité de toute organisation juive», confiait durant le week-end à l'AFP Alison Lewin, directrice de l'école de la Congrégation Emmanuel. Aucune classe ou activité n'a été annulée, ni ne le seront.

Ce n'est ni la congrégation ni son école qui étaient visés mais Or Chadash, une synagogue jumelle hébergée dans le même lieu et accueillant gays et lesbiennes.

Selon la presse, le colis piégé portait l'ancienne adresse hébergeant cette congrégration homosexuelle, fondée dans les années 1970 pour répondre au rejet ressenti par les gays, lesbiennes et leurs familles dans les synagogues classiques.

La petite communauté chrétienne uniate qui se trouve désormais à cette adresse a elle-aussi été placée en état d'alerte élevé.

«Toute organisation juive sait qu'à certain niveau, il y a toujours une menace permanente et c'est pour cela que nous avons des mesures de sécurité», poursuit Mme Lewin, relatant ses échanges avec des parents d'élèves inquiets et qu'elle a rassuré.

Les enfants sont «autant en sécurité qu'ils peuvent l'être» et après un week-end exténuant, elle espère le retour à la normale.

«Le judaïsme nous commande de choisir la vie. Une fois que j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour assurer la sécurité de nos enfants, nous devons vivre notre vie. Ce n'est pas parce qu'on a un accident de voiture qu'on arrête de conduire», lâche-t-elle, inquiète cependant des retombées de tout le tapage médiatique pour sa petite communauté.

Emmitouflée dans un épais manteau et un chapeau pour se protéger d'une météo déjà frisquette près du Lac Michigan, Joanne Kantrowitz s'activait gaiement dimanche à des travaux de nettoyage du jardin situé à l'entrée du centre.

Surprise que des terroristes du Yémen, ne connaissant rien à la communauté, aient pu prendre pour cible la congrégation Or Chadash, elle pense que «s'ils en ont après nous, c'est parce que notre président est d'ici». Chicago est en effet le fief politique de Barack Obama.

«Est-ce que je suis intimidée ? Non, pas plus qu'avant», dit-elle.

Margie Bombin, une mère de famille, insistait elle aussi sur le fait qu'elle n'allait rien changer à ses habitudes, tout en avouant ses craintes que le gouvernement n'en fasse pas assez pour empêcher les attentats.

«Dieu merci, ils les ont eu, mais de nombreuses fois, ils n'interviennent pas tant que ce n'est pas la catastrophe ou presque la catastrophe», dit-elle, repartant avec son fils après les cours du dimanche.

«C'est un peu effrayant», avouait Linda Projansky, venue passer son dimanche au centre pour broder des couvertures en vue d'une prochaine vente de charité. «Mais on ne peut pas les laisser nous faire tout arrêter, parce que sinon, si on s'arrête, ils ont gagné».