Le président palestinien Mahmoud Abbas a réitéré mercredi sa menace de quitter les négociations de paix avec Israël si la colonisation juive se poursuit, au terme d'une série de discussions trilatérales à Jérusalem avec la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton.

«Si la construction dans les colonies se poursuit, je cesserai les négociations», a averti M. Abbas après avoir rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu en présence de Mme Clinton et de l'émissaire américain  George Mitchell, selon un haut responsable palestinien qui a requis l'anonymat.

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Ce dernier a précisé que le président Abbas avait lancé cet avertissement après que M. Netanyahu lui eut affirmé que la construction dans les colonies israéliennes allait continuer.

Le contentieux le plus pressant entre Israël et les Palestiniens porte sur la fin ou non du gel partiel par le gouvernement israélien de la construction en Cisjordanie occupée, qui arrive à expiration à la fin du mois.

Les déclarations du chef de l'Autorité palestinienne tranchent avec l'optimisme mesuré dont a fait preuve M. Mitchell.

«Nous continuons, dans le cadre de nos efforts, à faire des progrès sur cette question», a dit M. Mitchell en évoquant la colonisation.

«Le président Abbas et le Premier ministre Netanyahu ont repris leurs discussions sur les questions clés et les principaux contentieux de ce processus. Ils prennent à bras le corps tous les problèmes qui sont au coeur du conflit israélo-palestinien», s'est félicité M. Mitchell.

Parmi les questions clés du conflit figurent les frontières d'un futur Etat palestinien, la sécurité d'Israël, le sort des réfugiés palestiniens, le statut de Jérusalem et la colonisation.

M. Netanyahu a affirmé à plusieurs reprises qu'il ne voulait pas prolonger ce moratoire, tandis que les Palestiniens ont menacé de quitter les négociations si les chantiers reprennent.

Les États-Unis estiment que la prolongation du moratoire serait «logique».

Le responsable palestinien a précisé que lors de leurs entretiens, M. Abbas a donné la priorité à la question du tracé des frontières du futur Etat palestinien tandis que M. Netanyahu souhaitait aborder en priorité les mesures à prendre pour assurer la sécurité d'Israël.

Une nouvelle rencontre entre les équipes de négociateurs est prévue la semaine prochaine «en vue de préparer le terrain à de nouveaux entretiens au niveau des dirigeants».

C'est la première fois depuis l'arrivée au pouvoir du chef de la droite israélienne en avril 2009 que le président de l'Autorité palestinienne se rendait chez M. Netanyahu à Jérusalem, ville au coeur du conflit israélo-palestinien.

«Je reviens aujourd'hui dans cette maison après une longue période d'absence afin de continuer des discussions dans l'espoir de parvenir à une paix éternelle dans la région entière, et en particulier entre les peuples palestinien et israélien», a écrit M. Abbas sur le livre d'or des Netanyahu.

Sur le terrain, la journée a été marquée par de nouvelles violences à Gaza. Un Palestinien a été tué et deux autres blessés dans des raids aériens israéliens contre des tunnels de contrebande près de Rafah (sud de la bande de Gaza).

Ces raids ont été lancés en représailles aux tirs d'une roquette et de huit obus de mortier recensés par l'armée israélienne en 24 heures à partir de la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, qui n'ont fait ni victime ni dégât.

L'armée israélienne a imputé cette recrudescence des attaques, revendiquées pour la plupart par des groupes armés radicaux, à une plus grande latitude accordée, selon elle, par le Hamas aux branches militaires d'autres mouvements pour tirer sur Israël.

Mme Clinton doit rencontrer jeudi matin le président Abbas à Ramallah en Cisjordanie.