À l'aide de sous-marins robots, les équipes de secours ont réussi à colmater hier l'une des trois brèches de la plateforme de forage de British Petroleum dans le golfe du Mexique, dont le naufrage le 22 avril a provoqué une fuite de pétrole de 800 000 litres par jour (l'équivalent de 5000 barils) au fond du golfe du Mexique.

Même si cette avancée n'a pas ralenti le débit de la fuite, elle simplifiera la suite des opérations. Par ailleurs, une nouvelle technique impliquant l'injection de milliers de litres d'un produit diluant directement dans le jet de pétrole donnait des signes encourageants, ont déclaré les autorités. Cette façon de faire empêche le pétrole de coaguler en une masse épaisse difficile à nettoyer.

 

Hier, les équipes mises sur pied par BP et par le gouvernement fédéral ont entrepris de mettre le feu à une portion de la marée noire, ce qui a permis le mois dernier de brûler des milliers de litres de pétrole.

Un immense dôme de contention de 98 tonnes était également en route vers le lieu du déversement. BP espère pouvoir poser ce dispositif sur la fuite, par 1,5 km de fond. Un tuyau dirigera ensuite le pétrole jusqu'à des bateaux-citernes.

«Ce type d'opération n'a jamais été entrepris à une telle profondeur, a expliqué Mike Abendoff, porte-parole de BP. Les experts vont travailler de façon minutieuse et prendre leur temps.» L'entreprise espère faire fonctionner le dispositif d'ici à six jours.

Le beau temps a permis aux travailleurs et aux bénévoles de partir en mer pour la deuxième journée consécutive, hier. Ils ont installé des centaines de kilomètres de manchons destinés à protéger les côtes de la marée noire.

Larry Schweiger, président de l'organisme National Wildlife Federation, est allé observer la progression des opérations.

«Le pétrole qui est en surface ne représente qu'une partie du problème, a-t-il déclaré. Le pétrole dispersé sous la surface continue de menacer la vie marine.»

Dans une rencontre à huis clos avec des membres du Sénat, mardi, des dirigeants de BP ont admis que les techniques employées dans le Golfe sont inédites et n'ont jamais été testées. L'entreprise a aussi dit que, si rien n'est fait, la quantité de pétrole projetée dans l'océan pourrait augmenter dans les prochaines semaines et atteindre 8 millions de litres par jour, 10 fois le volume actuel.

Des faiblesses

Hier, de nouvelles données sur le dispositif censé prévenir les déversements en haute mer ont fait surface. Elles révèlent que BP et plusieurs autres entreprises savaient que ces dispositifs de sécurité étaient inadéquats.

L'obturateur anti-éruption (blow out preventer), une colonne de béton de 450 tonnes aussi haute qu'un immeuble de cinq étages coulée au fond de l'océan, doit boucher le puits en cas de problème. Or, la pression du pétrole qui cherche à s'échapper ne suffit pas à activer le système hydraulique mis en place.

Hier, la sénatrice Maria Canwell, présidente du comité sénatorial de l'Énergie, a dévoilé l'existence de nombreux rapports qui mettaient en doute la fiabilité du système.

«Nous avons des preuves selon lesquelles l'industrie pétrolière savait depuis des années que ces dispositifs pouvaient ne pas fonctionner, a-t-elle dit. Malgré ces faiblesses, l'industrie a assumé que tout était O.K. et, par conséquent, n'avait pas de plan de secours pour répondre à des catastrophes comme celle qui se produit dans le golfe du Mexique.»

L'un des rapports, produit en 2004 par le Mineral Management Service, montre que les fabricants se sont fondés sur des calculs erronés pour établir la pression nécessaire au déclenchement des valves.

«La pression nécessaire à la bonne marche du procédé était difficilement atteignable, ce qui rendait le dispositif inefficace», note le rapport dévoilé par l'équipe de Mme Canwell.

Enquête sur les tortues

Par ailleurs, 35 tortues géantes, une espèce menacée, ont été trouvées mortes sur les plages du Golfe dans les derniers jours. Les autorités ont d'abord cru qu'elles avaient été contaminées par la marée noire, mais les autopsies n'ont révélé aucune trace de produit pétrolier.

On croit maintenant que les tortues ont pu être attrapées par des pêcheurs qui se seraient dépêchés d'aller prendre des crevettes et du poisson avant l'entrée en vigueur du moratoire sur la pêche.

Selon la loi, les pêcheurs doivent installer des dispositifs pour empêcher que les tortues se prennent dans leurs filets. Or, comme cette étape est laborieuse, ils ont pu la sauter pour gagner du temps.

«L'agence tente de récolter de l'information sur les activités de pêche qui ont eu lieu dans la région», a déclaré hier en point de presse Sheryan Epperly, du Service national des pêcheries. Des accusations pourraient être portées, a-t-elle dit.