Une cinquantaine de femmes et d'enfants ont été retrouvés poignardés ou égorgés dans la ville syrienne de Homs, poussant à la fuite des centaines de familles de crainte de nouveaux «massacres», ont affirmé lundi des militants en accusant le régime et en appelant à l'ONU.

Mais la télévision officielle syrienne a accusé des «gangs terroristes» d'être responsables des tueries dans ce haut lieu de la contestation populaire repris à 70% par l'armée après des offensives sanglantes notamment dans le quartier de Baba Amr, dévasté par un mois de pilonnage.

Les photos et les vidéos diffusées par les militants montrent des images insoutenables d'enfants à la tête ensanglantée et au visage mutilé, ainsi que des corps complètement carbonisés, égorgés ou poignardés.

L'annonce macabre a été faite alors que la crise en Syrie devrait dominer les débats, qui s'annoncent conflictuels, à une réunion plus tard dans la journée à l'ONU à New York entre les chefs des diplomaties américaine, européennes et russe consacrée au Printemps arabe, selon des diplomates.

Elle survient également au lendemain d'une mission de paix infructueuse à Damas de l'émissaire international Kofi Annan, la violence ne connaissant aucun répit après avoir fait ces dernières 48 heures 150 morts dans la répression de la contestation populaire et les combats entre déserteurs et soldats.

«Les corps d'au moins 26 enfants et 21 femmes ont été retrouvés dans les quartiers de Karm al-Zeitoun et al-Adawiyé, dont certains égorgés, d'autres  poignardés, par les chabbiha», les milices pro-régime qui participent à la répression au côté de l'armée, a dit à l'AFP Hadi Abdallah, militant de la Commission générale de la révolution syrienne.

«Des enfants ont été frappés à la tête par des objets tranchants. Une fillette a été mutilée et certaines femmes ont été violées avant d'être tuées», a-t-il poursuivi.

Mettant en garde contre d'autres tueries, M. Abdallah a appelé «à une intervention militaire étrangère, à des frappes contre le régime et à armer l'Armée syrienne libre (ALS, militaires dissidents)» pour faire face aux forces régulières plus lourdement armées.

Des centaines de familles, notamment de Karm al-Zeitoun, ont ensuite fui Homs «par crainte de nouveaux massacres par les forces du régime», a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Une partie de ce grand quartier a été reprise à l'ALS par l'armée depuis quelques jours, selon l'OSDH.

La télévision d'État a de son côté accusé «les gangs terroristes» d'avoir «kidnappé des citoyens à Homs et de les avoir tués et filmés pour susciter des réactions internationales contre la Syrie». Le régime se refuse à reconnaître la contestation et dit pourchasser des «terroristes» semant le chaos.

L'AFP n'est pas en mesure de confirmer les informations sur le terrain en raison des restrictions draconiennes imposées aux médias en Syrie.

Le Conseil national syrien (CNS), la principale formation de l'opposition, a dit «mener les contacts nécessaires (...) en vue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité».

«Les États qui soutiennent le régime sont complices de ses actes et de ses crimes», a ajouté le CNS en référence à la Russie et la Chine qui ont bloqué deux résolutions de l'ONU condamnant la répression, face au bloc arabo-occidental.

Au siège de l'ONU à New York, un diplomate d'un pays membre du Conseil de sécurité estime qu'«Assad est déterminé à ne pas céder et (que) le fossé se creuse entre la Russie et les Occidentaux», et que la réunion à New York ne peut «déboucher sur autre chose que de nouvelles frictions» internationales.

L'Iran a aussi réaffirmé son «soutien total» au régime Assad et rejeté sur les pays occidentaux et arabes la responsabilité de l'aggravation de la crise en Syrie où les violences ont fait plus de 8500 morts depuis le 15 mars 2011 selon l'OSDH.

Durant les deux jours de visite en Syrie de M. Annan qui a présenté à M. Assad des «propositions concrètes» non précisées en vue d'un règlement, les forces du régime ont d'ailleurs intensifié leur offensive sur la province rebelle d'Idleb (nord-ouest) et d'autres bastions de la contestation.

M. Annan, qui s'est ensuite rendu à Doha, est attendu lundi en Turquie.

Outre la répression, les combats meurtriers entre militaires dissidents et soldats se sont intensifiés, les déserteurs affirmant vouloir défendre par les armes les villes et les civils. Ce qui fait craindre une guerre civile.