«Kadhafi, casse-toi, la Libye n'est pas à toi!» Une centaine de manifestants se sont retrouvés en fin d'après-midi square Dorchester, au centre-ville de Montréal. En soutien aux manifestations que Mouamar Kadhafi a promis d'écraser, mais aussi pour demander au gouvernement canadien d'agir pour soutenir la population.

«Il y a des massacres, et on veut que le gouvernement agisse avant qu'il ne soit trop tard. Même l'armée a rejoint les Libyens, Kadhafi n'est qu'un terroriste qui utilise ses millions pour tirer sur son peuple. Il faut que le gouvernement fasse quelque chose pour pousser l'ONU à prendre position» s'inquiète Tarek Ahmad, un Canadien d'origine palestinienne.

Le discours de Kadhafi, sème l'inquiétude. «Kadhafi? C'est un malade, résume Karim Bourza, un marocain de Montréal, venu assister avec femme et enfants à la manifestation. Ça nous touche au coeur de voir des civils qui se battent contre des missiles.»

Les milices fidèles au dictateur libyen commettent les pires exactions, croit Odile Thibault. «Ils rasent tout, et ils violent des femmes, dit-elle. Le discours de Kadhafi est irréel, grotesque et très inquiétant.» Muni d'une pancarte «Kadhafi, toi aussi dégage», son conjoint, d'origine tunisienne, renchérit. «On considère que les choses sont graves. C'est la responsabilité de la planète d'aider la population. La population a lâché Kadhafi, l'armée aussi, il ne lui reste que ses milices, mais il faut agir vite», croit Ali Guidara.

Le regard perçant, Neïla Chihi, emmitouflée dans un chaud manteau, observe. «Les civils qui manifestent en ce moment, en Libye ou au Yémen, se font répondre dans une violence incroyable», dit-elle. Cette Tunisienne ne cache pas sa fierté de voir ses concitoyens inspirer les soulèvements populaires dans les pays voisins. Près de dix ans après les attentats du 11 septembre, le moment est fort, selon elle. «On vient de vivre la décennie du terrorisme. Il est temps qu'on montre notre vrai visage. Il s'est passé beaucoup de choses graves, au nom du terrorisme. On s'est fait fourrer par ces régimes qui ont travaillé fort, avec les gouvernements de l'Occident, pour nous diviser. Mais maintenant, le peuple est dans la rue.»