Le meurtre de cinq personnes d'une même famille dans une colonie israélienne près de Naplouse a provoqué une onde de choc en Israël. Les parents et trois de leurs jeunes enfants - dont un bébé de 3 mois - ont été poignardés à mort vendredi soir dans leur résidence d'Itamar, en Cisjordanie. Les autorités israéliennes soupçonnent un ou des activistes palestiniens d'être derrière l'attaque. Plusieurs suspects ont été arrêtés hier.

C'est la fille de 12 ans du couple qui a découvert les corps ensanglantés de ses parents, de ses deux frères et de sa soeur en rentrant à la maison familiale. Deux autres enfants de la famille, qui dormaient dans une pièce voisine, ont survécu.

Le gouvernement israélien, la communauté internationale et l'Autorité palestinienne ont dénoncé le quintuple meurtre.

«Israël agira vigoureusement pour défendre la population israélienne et châtier les assassins», a dit le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou en ordonnant à l'armée et aux services de sécurité «d'agir dans toutes les directions pour capturer les terroristes».

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a «dénoncé toute violence contre des civils quels qu'en soient les motifs», en réaffirmant la nécessité de parvenir au plus tôt à un règlement de paix juste.

Nétanyahou a estimé que cette condamnation était «molle et ambiguë» du fait que l'Autorité palestinienne n'a pas parlé d'«acte terroriste».

Le premier ministre a appelé les colons à «faire preuve de retenue et à ne pas se faire justice eux-mêmes». Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière perpétrée contre des colons israéliens depuis plusieurs années.

La police israélienne a relevé son niveau d'alerte hier, notamment à Jérusalem, où des milliers de personnes ont assisté aux funérailles des victimes. Les autorités craignent des représailles antipalestiniennes de la part d'extrémistes juifs.

Des membres radicaux des colonies auraient déjà appelé à la vengeance. Des habitants du village palestinien de Burin ont rapporté à l'Agence France-Presse avoir vu des colons jeter des pierres et incendier une maison dans la nuit de samedi à hier. L'armée serait intervenue rapidement pour les disperser, selon des témoins.

Situation tendue

Depuis plusieurs semaines, la situation est très tendue entre les habitants des colonies des environs de Naplouse - plusieurs étant considérées comme ultranationalistes et ultrareligieuses - et les villageois palestiniens des alentours.

Il y a deux semaines, le démantèlement par les autorités israéliennes de deux maisons mobiles dans une implantation de la région construite sans permis avait provoqué la colère des colons. De jeunes radicaux s'étaient alors lancés dans des actes de représailles appelés «le prix à payer»: lorsque les autorités israéliennes s'en prennent aux colons, les plus extrémistes d'entre eux se vengent sur des cibles palestiniennes. Des cocktails Molotov avaient été jetés sur une maison du village palestinien de Huwara et des pare-brise avaient été fracassés.

Rencontré la semaine dernière, le porte-parole de la colonie de Yitzhar, tout près d'Itamar, avait minimisé la portée des actes de vengeance. «Tout ça est devenu hors proportion, a dit Avraham Binyamin. Il faut voir la situation globale. Les Arabes (Palestiniens) et nous ne sommes pas de bons amis. Nous nous battons pour la même terre. Et comme dans toute bataille territoriale, il doit y avoir un vainqueur.» Les communautés ultranationalistes et ultrareligieuses vivent en Cisjordanie pour des raisons idéologiques et croient que le territoire leur revient de droit biblique.

Israël fait une distinction entre les colonies de la Cisjordanie, où vivent environ 300 000 personnes - sans compter celles établies à Jérusalem-Est -, et les implantations «illégales», construites sans son autorisation. Environ 4000 personnes sont établies dans ces campements principalement constitués de tentes et de maisons mobiles. La communauté internationale considère toutes les formes de colonisation israélienne en Cisjordanie comme étant illégales.

Le gouvernement israélien a annoncé la semaine dernière le démantèlement de toutes les implantations construites sur des terrains privés appartenant à des Palestiniens.

Hier, le bureau du premier ministre israélien a annoncé la mise en chantier de plusieurs centaines de nouvelles constructions dans les colonies, soulevant l'ire de l'Autorité palestinienne.

- Avec l'Agence France-Presse