La guerre de Corée, dont la fin n'a jamais été officiellement signée, a connu un nouvel épisode explosif mardi. L'île de Yeonpyeong a été bombardée par la Corée du Nord, entraînant la riposte du Sud, avant que la communauté internationale ne lance un fort appel au calme. Pyongyang promet de recommencer s'il estime que Séoul viole ses frontières maritimes «même de 0,001 millimètre», expliquent nos journalistes.

Qui a lancé les hostilités? La Corée du Nord a averti mardi le Sud de cesser ses tirs d'artillerie en mer Jaune, près de ses côtes. La Corée du Sud estime avoir le droit de mener des opérations militaires dans cette zone disputée. Le Nord a alors fait pleuvoir une dizaine d'obus sur l'île de Yeonpyeong, forçant le Sud à tirer à son tour. Bilan: deux soldats sud-coréens tués et toute une région sur les dents.

Au coeur du conflit, une frontière aux lignes controversées, dessinée lors de l'armistice de 1953 après trois ans de guerre, un conflit qui se poursuit toujours techniquement puisque aucun traité de paix n'y a formellement mis fin. Quelque 28 500 soldats américains sont d'ailleurs toujours stationnés en Corée du Sud.

L'île de Yeonpyeong, où sont tombés les obus nord-coréens mardi, est située juste au sud de la ligne frontalière décrétée par les Nations unies après la guerre de Corée en 1953, mais elle se situe au nord de la ligne de partage revendiquée par Pyongyang.

La zone avait déjà été le théâtre de graves incidents navals en 1999, 2002 et en novembre 2009. Les bombardements de mardi sont parmi les rares incidents militaires à avoir mis la vie de civils en jeu depuis l'armistice. Mardi, la Corée du Nord a affirmé qu'il «n'existera que la frontière maritime établie par nous» en mer Jaune.

L'armée nord-coréenne, a indiqué l'agence de presse officielle, «continuera sans hésitation ses attaques militaires si l'ennemi sud-coréen ose envahir notre territoire ne serait-ce que de 0,001 millimètre», selon le communiqué.

Réveillé à 3h55 du matin par ses collaborateurs, le président américain Barack Obama a rapidement condamné le bombardement nord-coréen, même s'il juge «prématuré» à ce stade d'envisager une quelconque action militaire.

Pendant ce temps, dans un bunker souterrain, le président sud-coréen Lee Myung-bak a tenu une réunion d'urgence avec ses ministres et les conseillers à la sécurité. Il a ordonné de «gérer (la situation) au mieux pour éviter une escalade», selon son porte-parole.

L'armée sud-coréenne a procédé à 80 tirs de riposte vers la Corée du Nord et Séoul a promis des «représailles» en cas de nouvelles provocations du Nord, estimant qu'il s'agissait d'une attaque «intentionnelle».

Rien pour apaiser les tensions entre les deux Corées à la fin d'une année mouvementée. Le 26 mars, le torpillage d'une corvette sud-coréenne en mer Jaune par un sous-marin nord-coréen a tué les 46 membres d'équipage.

Le week-end dernier, des détails ont également été rendus publics concernant le nouveau programme d'enrichissement d'uranium mené par Pyongyang, pouvant mener à la fabrication d'armes nucléaires.

- Avec AFP, AP, Time.