Le gouvernement chinois a défini vendredi ses priorités pour cette année: maintien d'une forte croissance, combinée à une meilleure répartition des fruits du développement économique, dans un pays où les inégalités se creusent dangereusement.

En ouvrant la réunion annuelle de l'Assemblée populaire nationale (ANP, parlement), le premier ministre chinois Wen Jiabao a relevé que les bases de la reprise économique mondiale restaient «fragiles» et que de nombreux défis perduraient.

Mais il a maintenu l'objectif que le gouvernement se fixe chaque année d'une croissance de 8% sur un an, considérée comme le seuil permettant de conserver le niveau d'emploi.

En 2009, malgré la crise mondiale, la Chine a enregistré une croissance de presque 9%.

Cette année est «cruciale pour continuer à parer à la crise financière internationale, assurer un développement économique régulier et relativement rapide et accélérer le changement de notre mode de développement économique», a lancé M. Wen, dans la vaste salle du palais du peuple, abritant le parlement de près de 3 000 membres, au coeur de Pékin.

Mais Wen Jiabao a tenu à souligner que «le but fondamental du développement économique» est «d'assurer une vie meilleure aux citoyens» chinois.

«Nous devrons non seulement nous efforcer d'agrandir le «gâteau» des richesses du pays à travers le développement économique, mais aussi veiller à un partage équitable de celui-ci».

Le thème de l'édification d'une «société harmonieuse» émaille tous les discours officiels depuis plusieurs années dans ce pays qui compte des dizaines de milliers d»'incidents sociaux» chaque année, reflet du mécontentement de la population - expropriés non indemnisés, victimes de la corruption ou d'injustices, laissés-pour-compte de la croissance.

Et c'est pour éviter tout «incident social» notamment, que la réunion du parlement se tient sous haute surveillance, avec une présence policière importante place Tiananmen, où se trouve le palais du peuple.

De l'aveu même des autorités les écarts de richesse se sont encore accrus l'an dernier notamment entre villes et campagnes. Les citadins ont gagné 3,33 fois plus que les habitants des campagnes, alors que ce ce ratio était seulement de 1,82 en 1983.

M. Wen a notamment promis vendredi que son gouvernement allait oeuvrer pour l'emploi et la protection sociale, en ville comme à la campagne, sans oublier les travailleurs précaires et non qualifiés partis de leurs campagnes pour travailler en ville, où ils sont dépourvus de tous droits.

Les grandes organisations internationales et les économistes, y compris chinois, estiment que l'économie chinoise serait bénéficiaire de l'instauration d'un filet de protection sociale pour tous.

La population épargnerait moins en prévision des coups durs, des vieux jours ou des études des enfants, et consommerait davantage.

Cela doperait ainsi cette croissance intérieure visée par les autorités alors que la Chine reste aujourd'hui encore très dépendante de ses exportations.

Le gouvernement maintient donc l'essentiel de ses grandes orientations macroéconomiques: rééquilibrer le modèle de développement économique pour privilégier la consommation intérieure, l'innovation et la qualité, garder un yuan stable et une politique monétaire souple, avec toutefois une offre de crédit plafonnée pour alléger les pressions inflationnistes et éloigner les risques de bulles que redoutent certains analystes.

Pas question non plus d'abandonner le plan de relance de l'économie annoncé fin 2008, prévoyant des investissements de 4 000 milliards de yuans sur deux ans. Wen a confirmé qu'il se poursuivrait.