Des «diamants du sang» tels que celui qu'il aurait offert au mannequin Naomi Campbell sont au coeur du procès pour crimes de guerre et contre l'humanité de l'ex-président libérien Charles Taylor devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL). Voici quelques clés pour comprendre cette histoire.

L'accusé

Charles Ghankay Taylor, 62 ans, était président du Libéria de 1997 à 2003. Il est poursuivi devant le TSSL pour son rôle dans la guerre civile en Sierra Leone (1991-2001), pays frontalier du Libéria, qui a fait 120 000 morts et des milliers de mutilés.

M. Taylor est accusé d'avoir dirigé en sous-main les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) en Sierra Leone, leur fournissant armes et munitions en échange de diamants.

Onze crimes de guerre et crimes contre l'humanité tels que, notamment, meurtre, viol, pillage et enrôlement d'enfants soldats ont été retenus contre lui.

M. Taylor avait été arrêté le 29 mars 2006 au Nigeria, près de deux ans et demi après l'émission d'un mandat d'arrêt international à son encontre, le 4 décembre 2003.

Le procès

Le procès de M. Taylor, qui avait plaidé non coupable lors de sa première comparution devant le TSSL le 3 avril 2006 à Freetown, en Sierra Leone, avait ensuite délocalisé à La Haye à la suite d'une résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU en juin 2006 pour éviter tout risque de déstabilisation de la région.

La défense de Charles Taylor, premier Africain jugé devant un tribunal international, présente ses éléments à décharge depuis le 13 juillet 2009. Les juges du TSSL ont autorisé l'accusation à présenter le témoignage de Naomi Campbell malgré la clôture en février 2009 de la présentation de 91 témoins à charge.

Les diamants

Le surnom de «diamants du sang» a été donné aux pierres provenant de pays où elles servent notamment à l'achat d'armes et où les droits de l'homme sont violés.

Selon l'accusation, M. Taylor s'était rendu en septembre 1997 en Afrique du Sud pour vendre ou échanger contre des armes des «diamants du sang» reçus des rebelles de Sierra-Leone.

Lors de ce voyage, M. Taylor aurait, à l'issue d'un dîner organisé par le président sud-africain de l'époque Nelson Mandela, offert un de ces diamants à Naomi Campbell, ce qu'avait catégoriquement nié l'accusé le 14 janvier.

«Le témoignage de Mme Campbell constitue «une question centrale» dans l'affaire: la possession de diamants bruts par l'accusé», avait affirmé l'accusation.

Prouver la possession de diamants par l'accusé permettrait de démontrer que M. Taylor est «responsable du développement et de l'exécution d'un plan qui a causé mort et destruction» et qui «consistait à prendre le contrôle politique et physique de la Sierra Leone pour exploiter ses abondantes ressources naturelles», avait-elle ajouté.