Plusieurs hauts responsables italiens ont rendu hommage samedi au juge Paolo Borsellino, assassiné il y a seize ans par la mafia en plein centre de Palerme, en Sicile, le ministre de la Justice annonçant à cette occasion un durcissement du régime carcéral des chefs mafieux.

«Se souvenir de tous ceux qui ont sacrifié leur vie (...) contribue de façon déterminante à défendre la culture de la légalité contre toute forme de violence», a écrit le président de la République Giorgio Napolitano dans une lettre adressée à la veuve du magistrat, Agnese.

«N'oubliez pas mon mari», a imploré la veuve du magistrat lors d'une cérémonie sur les lieux de l'attentat à Palerme, en présence du ministre de la Justice Angelino Alfano, de la Défense Ignazio La Russa et du président du Sénat Renato Schifani.

«Nous ne l'oublierons pas et nous n'oublierons pas non plus ceux qui lui ont fait du mal et qui nous ont fait du mal à nous tous et à la Sicile», lui a répondu le ministre de la Justice, cité par l'agence Ansa.

Il a annoncé à cette occasion un durcissement du régime carcéral des chefs mafieux, déjà soumis à des conditions très strictes au terme d'un article particulier du code pénal, le 41 bis (cellule éclairée 24H sur 24, rares sorties et visites, courrier passé au crible).

Ces nouvelles restrictions qui ont fait l'objet d'une circulaire diffusée samedi vise à «limiter encore davantage les communications» entre chefs mafieux emprisonnés, a précisé le ministre à la télévision Sky TG24.

Environ 570 détenus sont soumis à ce régime du 41 bis, selon l'agence Ansa.

Le juge Borsellino et son escorte de cinq policiers avaient été tués dans un attentat le 19 juillet 1992. Le 23 mai 1992, c'est le juge Giovanni Falcone qui avait été assassiné, ainsi que son épouse et trois hommes chargés de sa protection.

Les exécutants mafieux de ces crimes ont été retrouvés et condamnés par la justice, mais plusieurs mystères demeurent encore concernant l'assassinat de Paolo Borsellino.

Le premier est l'identité de la personne ayant appuyé sur la télécommande qui a fait exploser la voiture bourrée d'explosifs. Le deuxième est la disparition d'un agenda dont le magistrat ne se séparait jamais et sur lequel il notait tous les progrès de ses enquêtes.