Le ministre fédéral de l'Environnement, Jim Prentice, a loué vendredi les efforts d'Ottawa pour nettoyer les lacs et les rivières du Canada devant une salle remplie de spécialistes de la question, mais il n'a pas réussi à convaincre tout le monde.

L'un des experts présents a déclaré que le gouvernement fédéral oubliait de préserver les étendues d'eau du pays d'une menace beaucoup plus grande: les changements climatiques.

«Comme nous l'avons entendu durant cette conférence, l'eau réagit très fortement aux changements climatiques», a rappelé Peter Brown, professeur à l'Ecole de l'environnement de l'Université McGill.

«Le portefeuille canadien sur les changements climatiques est lamentable et M. Prentice en a été l'un des principaux artisans.»

Prenant la parole dans le cadre d'une conférence de deux jours organisée par McGill, Jim Prentice a souligné l'importance de restaurer et de protéger le fleuve Saint-Laurent et les Grands Lacs.

Il a aussi parlé des efforts déployés par son gouvernement pour atteindre ces objectifs.

«Les gouvernements des provinces et des Etats ont collaboré avec les gouvernements du Canada et des Etats-Unis afin de résoudre de nombreux problèmes industriels portant sur la contamination des eaux du fleuve et des lacs qui s'était produite dans le passé», a affirmé M. Prentice durant son allocution de 25 minutes.

Le ministre a également insisté sur la nécessité d'empêcher les eaux usées municipales, incluant les eaux usées brutes, de se déverser dans les cours d'eau canadiens. Un problème qui sera résolu, promet-il, par l'adoption de nouveaux règlements.

Reconnaissant que Jim Prentice avait abordé des sujets essentiels, Peter Brown a tout de même déploré que le gouvernement fédéral tente de régler un problème sans réaliser que celui des changements climatiques le dépassait largement en importance.

M. Brown a indiqué que les changements climatiques provoqueront davantage d'orages qui augmenteront le volume d'eau de ruissellement en provenance des fermes et des rues s'écoulant dans les lacs et les rivières. Il a révélé que la prolifération d'algues causée par les fertilisants présents dans l'eau de ruissellement étouffaient déjà des étendues d'eau comme le lac Winnipeg et le lac Erié.

Le professeur a aussi dénoncé l'inaction du gouvernement par rapport à la rivière Athabasca, au nord de l'Alberta, menacée par l'exploitation des sables bitumineux. Jim Prentice a toutefois soutenu durant son discours de vendredi que Ottawa surveillait de près le cours d'eau et qu'il n'était pas en danger.

Pour Francis Scarpaleggia, président du Caucus libéral national sur l'eau, le Canada doit se doter d'une stratégie nationale afin de gérer les problèmes liés à la précieuse ressource.

«C'est clair qu'il n'y a pas de stratégie nationale pour l'eau. S'il y en avait une, nous n'aurions pas une conférence intitulée »Vers une nouvelle stratégie«», a fait valoir M. Scarpaleggia, qui a assisté à l'allocution de M. Prentice.

Le député de Lac-Saint-Louis, dans la région de Montréal, a aussi remis en question le plan du ministre fédéral de l'Environnement pour réduire la quantité d'eaux usées municipales déversées dans les lacs et les rivières.

«Il nous parle des règlements concernant les eaux usées depuis cet été», a déclaré M. Scarpaleggia. «Mais est-ce qu'ils seront exécutoires? Est-ce qu'il y a suffisamment d'argent pour permettre aux municipalités de traiter leurs eaux usées? Nous ne le savons toujours pas.»