De très grandes quantités de méthane, un gaz à effet de serre, sont relâchées dans l'atmosphère lorsque la toundra de l'Arctique commence à regeler au début de l'hiver, rapporte une équipe internationale dans la revue Nature à paraître jeudi.

Ce phénomène, méconnu jusqu'à présent, pourrait expliquer les bizarreries remarquées dans les concentrations de méthane dans l'atmosphère des hautes latitudes, notent les auteurs de l'étude, qui ont travaillé sous la conduite de Torben Christensen de l'Université suédoise de Lund.

Les chercheurs ont mesuré le méthane dans l'atmosphère de la vallée Zackenberg, dans le nord-est du Groenland, au moment où le sol commençait à geler à la fin de l'automne et au début de l'hiver.

Les émissions de méthane ont baissé après la saison de pousse de la flore, puis nettement augmenté au moment du gel.

En fait, ont constaté les scientifiques, le sol de la toundra arctique dégage «au cours de cette période à peu près autant de méthane que pendant tout l'été».

Cette étude «n'augmente pas vraiment les estimations des émissions en provenance des hautes latitudes du Nord, mais elle change notre vision quant à leur distribution saisonnière», concluent les chercheurs.

De nombreux spécialistes, dont certains du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), tirent la sonnette d'alarme sur le rôle dans le réchauffement climatique actuel du méthane, notamment issu des zones marécageuses et de la fonte du permafrost dans les zones arctiques. Ce gaz reste dans l'atmosphère une douzaine d'années.

Une étude également publiée par la revue Nature il y a quelques mois révélait que la déglaciation et le réchauffement qui avaient mis fin à la période où la Terre était une «boule de neige» il y a quelque 600 millions d'années, auraient été provoqués par un fort relâchement de méthane par le permafrost.