Le Québec est un terreau idéal pour le transport électrique. Pourtant, il accuse un important retard en la matière, estiment des experts.

«Nous étions réellement en avance en 1994-1995. Depuis, nous piétinons, au mieux», soutient Pierre Langlois, auteur du récent essai Rouler sans pétrole, dans lequel l'échec du moteur-roue du physicien Pierre Couture est analysé dans le menu détail. De l'avis de M. Langlois, Hydro-Québec a commis une erreur de taille en mettant au rancart cette technologie pour des raisons financières. Il soutient que les autos de demain seront telles que Pierre Couture les avait imaginées bien avant tout le monde, soit des hybrides enfichables (plug-in) à moteur-roue.

 

«Le film Who Killed the Electric Car? de Chris Paine, sorti en 2006, nous a habitués à penser qu'on avait tué la voiture de demain (...) en 2005. En fait, on peut se demander si la véritable voiture de demain n'a pas été laissée pour compte au Québec, 10 ans plus tôt», écrit-il.

Pierre Lavallée, jusqu'à tout récemment directeur général du Centre d'expérimentation des véhicules électriques du Québec (CEVEQ), est encore plus caustique. «Avec la Californie, le Québec était à une autre époque le leader du transport électrique en Amérique du Nord. Aujourd'hui, il n'est plus du tout dans la course», déplore-t-il.

Certes, ajoute-t-il, il y a la ZENN, de Saint-Jérôme. Mais il est faux de croire qu'il s'agit d'un véhicule québécois. Il s'agit plutôt d'un véhicule conçu et construit en France, où il porte le nom de Microcar, fait-il remarquer. «Si c'est ce que le gouvernement a à nous proposer, ce n'est pas grand-chose», ajoute-t-il.

Cette situation, les deux experts la déplorent d'autant plus qu'ils estiment tous deux que la province est une terre bénie pour l'électrification du transport.

«Le Québec est un lieu triplement idéal, lance Pierre Langlois. D'abord, il y a beaucoup plus d'électricité qu'ailleurs, jusqu'à trois fois plus si on se compare à la France et à la Californie. Ensuite, l'électricité coûte très peu cher. Enfin, elle ne pollue presque pas puisqu'elle est de source hydraulique.»