Le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, envisage la mise en réserve de trois grandes îles de la rivière des Mille-Îles, au lendemain de la parution d'un rapport soulignant leur valeur écologique.

«On regarde les options et cela inclut la mise en réserve, a dit le ministre Arcand en entrevue à La Presse. Il y a aussi le programme Partenaires pour la nature où le gouvernement finance la moitié des coûts d'acquisition, mais jusqu'ici, on n'a pas trouvé preneur. C'est un gros morceau.»

Ces trois îles - l'île aux Vaches, l'île Saint-Pierre et l'île Saint-Joseph - totalisent 200 hectares. Elles sont situées entre Laval et Terrebonne, à l'ouest de l'autoroute 25, sur le territoire de la Ville de Laval. Les deux plus grandes ne sont pas reliées par un pont.

Lundi, l'organisme Sauvons nos trois grandes îles a publié un rapport dont le coût a été payé par Québec.

Le rapport conclut qu'il faut agir rapidement pour protéger les trois îles, en raison de leur valeur écologique.

Un enjeu électoral

M. Arcand rappelle que la conservation des îles «était un enjeu majeur lors des élections de 2008».

«Ce sont des endroits qui ont une valeur écologique assez importante, dit-il. C'est pour cela qu'on a commandé cette étude.»

Il est d'accord avec les organismes qui estiment que le zonage actuel de la Ville de Laval n'offre pas de garanties suffisantes pour l'avenir.

Les îles sont zonées résidentielles, mais comme elles ne sont pas desservies par des rues et des services, on ne peut y construire d'immeubles sans modifier le zonage.

«La Ville de Laval s'est quelque peu engagée à ne pas faire de lotissement, mais les organismes nous disent que ça prend plus que ça, dit-il. La pression de la construction demeure forte, comme ailleurs dans la région de Montréal.»

L'île Charron

Une autre décision de mise en réserve dans la région n'a pas donné les résultats escomptés jusqu'ici. Le gouvernement a fait une offre de 15 millions pour un terrain de 20 hectares sur l'île Charron, à Boucherville.

La mise en réserve vient à échéance dans quelques jours, après deux périodes de deux ans. Le promoteur, Luc Poirier, a fait savoir qu'il refusait l'offre de Québec.

Hier, M. Poirier a déclaré qu'il est prêt à vendre son terrain à un autre investisseur pour un prix plus élevé, selon ce que rapporte le site web du journal La Seigneurie. M. Poirier a payé le terrain 6 millions en 2007.

Selon M. Arcand, il faut traiter différemment chaque dossier. Il cite pour exemple la conservation des abords du ruisseau de l'Anse-à-l'Orme plus tôt cette année, au terme d'un long processus où les propriétaires ont mis de l'eau dans leur vin.

Une évaluation de leur valeur

«Chaque dossier a sa problématique», dit M. Arcand. Il ajoute qu'il va demander une évaluation de la valeur des terrains des trois îles. Il remarque aussi que toutes les villes ont l'obligation de prévoir des zones de conservation dans leurs schémas d'aménagement.

Une filiale de la firme immobilière Monit, de l'homme d'affaires Alex Kotler, est propriétaire de la majeure partie de l'île aux Vaches. La Ville de Laval évalue son terrain à 5,6 millions. Monit détient aussi l'île Saint-Pierre, évaluée à 627 000$.

L'île Saint-Joseph, la plus petite mais la seule à être reliée par un pont, appartient en majeure partie à une société dirigée par Luigi Liberatore. Les terrains détenus par la société de M. Liberatore valent 2,4 millions.