L'Ohio a suspendu un projet de fracturation hydraulique à la suite d'une série de 11 petits tremblements de terre provoqués selon des chercheurs par cette technique d'injection d'eau sous terre, ont indiqué mardi des fonctionnaires de cet État du nord des États-Unis.

Le plus récent et le plus fort de ces séismes a atteint le 31 décembre le degré 4 sur l'échelle de magnitude du moment près d'un puits d'injection d'eau usée exploité par la société D&L Energy à Youngstown, dans le nord-est de l'État.

«Par précaution, nous sommes parvenus à un accord avec le propriétaire du puits pour suspendre les injections jusqu'à nous soyons en mesure de mettre en évidence un lien potentiel avec une récente activité sismique», a déclaré le directeur des ressources naturelles de l'Etat, James Zehringer.

Les autorités locales avaient déjà suspendu l'injection de l'eau dans ce puits après une secousse de magnitude 2,7 le 24 décembre mais elles ont étendu le périmètre d'interdiction dans un rayon de 8 km autour du puits à la suite de la dernière secousse, ont indiqué des responsables du secteur.

«Le lien ne fait pas de doute», a indiqué à l'AFP le sismologue John Armbruster, de l'Université de Columbia, qui a observé les secousses. «En trois dimensions, le tremblement de terre se trouve à environ 1 km du fond du puits».

La fracturation hydraulique est une technique controversée qui consiste à «fracturer» la roche en grande profondeur avec un mélange d'eau, de sédiments et de produits chimiques projeté à haute pression, afin de libérer les hydrocarbures. L'eau usée qui remonte à la surface est réinjectée dans le sol pour s'en débarrasser.

Les secousses sismiques ont été constatées à partir de mars dernier, quelques mois après l'entrée en activité du puits en décembre 2010. Onze secousses ont depuis été enregistrées, d'une magnitude de 2,1 à 4, toutes à la même profondeur et dans le même secteur.

L'an dernier, des séismes ont également conduit l'État d'Arkansas à suspendre ses injections d'eau dans le sol. Un même lien a a été mis en évidence au Texas en 2009.

L'Ohio compte beaucoup sur la fracturation hydraulique pour développer l'exploitation des hydrocarbures. L'État disposerait de réserves de pétrole de 21 millions de m3 et de 42 millions de m3 de gaz naturel.

Tom Stewart, vice-président de l'Association pétrolière et gazière de l'Ohio, a précisé que 180 puits d'injection d'eau étaient en activité dans l'État depuis le milieu des années 1980, absorbant quelque 25 millions de litres d'eau par an.

Ces puits n'avaient jusqu'à présent jamais provoqué de tremblement de terre, a-t-il souligné.