L'arbre reçoit aujourd'hui un hommage qui lui est dû depuis toujours! Bienfaisant chef-d'oeuvre et symbole de pérennité, il a toujours été une source d'inspiration et d'émerveillement. Il est la créature la plus utile et la plus généreuse existant sur terre. Multipliant au centuple la surface qu'il occupe au sol, l'arbre l'enrichit de milliers de sites d'accueil pour d'autres plantes, insectes et animaux qu'il héberge et nourrit de ses semences, de ses fruits.

Il fournit le matériau idéal qui, depuis des millénaires, réchauffe et abrite l'humanité et l'accompagne du berceau au cercueil.

Chaque feuille est à la fois une oeuvre d'art, un capteur de lumière et l'élément primordial d'une phénoménale chaine de vie qui rejoint les racines dans les profondeurs du sol.

L'arbre transforme le milieu minéral en réserve d'eau pure, se nourrit de carbone et nous alimente en oxygène vital. De génération en génération les arbres ont prévenu l'érosion destructrice et créé des vallées fertiles traversées de ruisseaux et de rivières grouillantes de vie.

Les forêts ont joué un rôle primordial par leur extrême variété, s'adaptant aux lieux avec une sorte d'intelligence étonnante. Elles ont permis l'évolution d'une multitude d'espèces vivantes que l'on se hâte de découvrir et d'analyser car malheureusement, cette précieuse biodiversité est en grand danger! La déforestation avance à pas de géant.

Plus d'un siècle de guerres monstrueuses et d'industrialisation sans bornes, sans précaution, ont rompu le fragile équilibre qui, depuis dix millénaires avait favorisé l'éclosion d'une vitalité et d'une diversité biologique exceptionnelle sur toute la planète. L'humanité est devenue l'espèce dominante et a puisé allégrement et sans pitié dans ces richesses qui paraissaient sans limites...

Peu de gouvernements se soucient de la protection des forêts et la rapacité des exploitants forestiers, pétroliers et miniers criblent la planète de plaies ouvertes d'où s'écoulent des poisons purulents qui menacent les véritables richesses naturelles. Ils assoiffent et affament des populations démunies et sans espoir d'avenir. Tant de pays sont dévastés et déboisés sans égard pour leur survie.

Nous voici dans l'ère «pétrolithique» où le carbone est roi! Bouleversant les climats, le réchauffement fait disparaître les glaciers, inonde les uns et affame les autres par des sécheresses interminables.

Les propositions justifiées et modérées présentées à Kyoto sont depuis longtemps à la poubelle et les générations futures devront se réfugier sur les terres émergées, à un moment où la population humaine explose.

Mais les gouvernements ne considèrent que le bénéfice immédiat des solutions à court terme, laissant à leurs successeurs le soin de remédier à leur lâcheté imprévoyante.

Par leurs activités industrieuses, les villes contribuent à un étalement urbain envahissant qu'il faut absolument compenser par des verdissements réparateurs! Nos amis arbres doivent nous accompagner dans les rues, les ruelles, jardins et espaces verts! À leurs bienfaits innombrables les arbres ajoutent un changement de décor vivant, coloré et fantaisiste!

Chaque geste compte bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer.

Le reboisement est une solution à notre portée et, une nécessité, car chaque arbre emmagasine une part de l'excès de ce carbone destructeur. Ici même et autour de la planète des femmes et des hommes préoccupés de la survivance des milieux fragiles et des espèces menacées d'extinction se dévouent avec persévérance à ce sauvetage. Pauvres ou riches, avec ou sans soutien des gouvernements ou d'organisations, ces héros se consacrent à un difficile travail de restauration des milieux naturels. Chacun de nous devrait se faire un devoir d'aider, de contribuer à ces actions salvatrices.

Pierre Dansereau, mis en terre le 5 octobre, jour de son centième anniversaire, était lui-même comme un arbre prolifique et bienveillant. Il faut espérer que ses nombreux disciples en sciences de l'environnement sauront faire pencher la balance vers le courage et l'équilibre!

«On n'obtient le bonheur qu'au prix de la générosité», écrivait Jean Giono, auteur de L'homme qui plantait des arbres.

Le bonheur est donc à notre portée: plantez des arbres comme le font Les amis de la Montagne et ceux de l'Arboretum Morgan, au bord des lacs, le long des ruisseaux, des rivières qui charrient malgré elles les engrais et les produits toxiques qui empoisonnent tout notre écosystème.

C'est un geste d'espoir pour les générations à venir et pour ce pays qui le mérite.

Chaque printemps, les planteurs d'arbres prennent le chemin d'un exil estival au sein de la forêt boréale québécoise. Leur métier est considéré comme l'un des plus durs au Canada. Pendant les six mois de leur mission, ils font face à des conditions de climat allant des froides giboulées de mai aux chaleurs torrides de juillet et août. Ils sont harcelés par les moustiques et vivent dans la crainte de rencontrer un ours, endurent des conditions spartiates et connaissent l'épuisement quotidien. En 2010, armés principalement de semis d'épinettes noires, de pins gris et d'épinettes blanches, près de 1000 planteurs ont mis en terre plus de 153 000 000 semis sur un territoire d'environ 90 000 hectares au Québec. Ces photographies de Charles Mathieu Audet font partie d'une exposition qui se tient à la bibliothèque de Chicoutimi, dans le cadre du Zoom Photo Festival Saguenay.