La biodiversité continue de décliner dans le monde malgré la signature en 2002 de la Convention sur la biodiversité, selon une nouvelle étude internationale. Près des deux tiers des grandes rivières du monde sont fragmentées par des barrages, 80% des forêts bordant l'océan Atlantique font moins d'un demi-kilomètre carré et le quart des animaux utilisés par l'agriculture sont menacés d'extinction.

Seule lueur d'espoir, les fonds publics alloués à la protection de la biodiversité dépassent les 3 milliards US par an et les aires protégées sont de plus en plus nombreuses, couvrant par exemple 39% des 11 000 zones cruciales pour la survie des espèces d'oiseaux. Seuls 13% des pays sont «inadéquats» sur le plan de l'établissement de zones protégées. Parmi les dix principaux indicateurs qu'a retenus l'étude publiée dans la revue Science, seuls deux ont connu une amélioration: la qualité de l'eau potable et l'équilibre des pêches.

 

«C'est vraiment un progrès dans la mesure de la biodiversité, explique Andrew Gonzalez, qui dirige la Chaire de recherche du Canada sur la biodiversité à l'Université McGill. On savait, grâce à plusieurs études, que l'échéance de 2010 fixée par la Convention ne serait pas respectée, mais c'est la première fois qu'on démontre que le rythme de la perte de biodiversité s'accélère.»

L'étude recense 31 indicateurs, dont 8 avec des données antérieures à 1970. «Nous avons commencé à travailler en 2006, mais le rapport comme tel est en préparation depuis l'automne dernier», explique l'auteur principal, Stuart Butchart, du Programme des Nations unies sur l'environnement, en entrevue de Londres. «Ce rapport sera inclus dans celui du secrétariat de la Convention, qui sera dévoilé en mai à Nairobi et contiendra des recommandations pour l'avenir.»

Hawaii à risque

Quelles sont les zones les plus à risque et les premiers de classe? «À Hawaii, il y a vraiment une situation très difficile, notamment sur le plan des espèces invasives et de la destruction d'habitats naturels pour l'essor du tourisme, notamment le golf, dit M. Butchart. La plus récente extinction d'une espèce d'oiseau est très récente, en 2002, et il y a 14 autres espèces menacées. Pour ce qui est des succès, on peut parler du bison en Europe orientale. Il était éteint depuis 1927, mais on compte maintenant 1800 individus. Il y a aussi une espèce d'oiseau en Nouvelle-Zélande, qui est passée de 23 à 80 individus en 10 ans.»

Le rapport ratisse large, abordant même le nombre de langues menacées. Le cinquième des 6900 langues parlées sur la planète comptent moins de 1000 locuteurs.

 

Et le Canada?

La biodiversité diminue au Canada comme partout ailleurs dans le monde, mais le nombre d'aires protégées est particulièrement élevé, selon Stuart Butchart. «Le principal problème est la diminution des populations d'oiseaux migrateurs qui passent l'hiver en Amérique du Sud et se reproduisent dans la forêt boréale», dit M. Butchart. Études d'oiseaux Canada, ONG vers laquelle M. Butchart a dirigé La Presse, louange un programme fédéral qui a permis, depuis 2000, la réalisation de 1000 projets de gestion des terres grâce à des subventions de 62 millions. Selon le rapport de M. Butchart, le Canada arrive au premier rang mondial, ex aequo avec les États-Unis pour le nombre d'espèces d'oiseaux surveillées (276), au sixième rang pour le nombre d'aires protégées (5247) et au cinquième rang pour le nombre de certificats de gestion responsable des forêts FSC (69).