L'Eyjafjöll diffuserait entre 150 000 et 300 000 tonnes de CO2 par jour, une quantité qui si elle se maintenait à ce niveau pendant un an placerait le volcan islandais au même rang que l'Autriche en émissions de gaz à effet de serre, ont annoncé lundi à l'AFP deux experts.

Pour autant, «la quantité de CO2 émise par les volcans en général et celui-là en particulier, est négligeable» par rapport aux émissions totales de gaz à effet de serre, souligne le vulcanologue Patrick Allard, de l'Institut physique du globe de Paris.

Il n'y a pas de données disponibles sur la quantité de CO2 émise par le volcan Eyjafjöll depuis son éruption, le 14 avril, mais des estimations sont possibles en la comparant à une précédente éruption, le 20 mars.

Au cours de cette première éruption, 15.000 tonnes de CO2 étaient émises par jour, selon Colin Macpherson, géologue à l'université de Durham, en Angleterre.

«Le flot actuel de magma est 10 à 20 fois supérieur», donc, «en prenant la limite basse, la quantité de CO2 émise par l'Eyjafjöll serait de 150 000 tonnes par jour», a-t-il indiqué à l'AFP.

De son côté, Patrick Allard estime, en proposant des calculs similaires, que le volcan «en ce moment produit 20 fois plus de CO2 qu'il n'en produisait dans la première phase de l'éruption», soit 300.000 tonnes par jour.

Extrapolées sur une année, ces émissions placeraient le volcan entre le 47 et le 75ème rangs de la liste des pays émetteurs de gaz à effet de serre (GES), à l'origine du réchauffement climatique, d'après des chiffres de 2005 publiés par le World Resources Institute (WRI), ONG spécialisée dans les données environnementales.

Situé au 47ème rang, le volcan émettrait plus, à niveau constant sur un an, de GES, mesurés en équivalence C02, que l'Autriche (0,24% des GES émis dans le monde), l'Irlande, la Bulgarie ou encore la Suède.

Les émissions totales de GES (en équivalence C02) atteignaient les 36 gigatonnes (milliards de tonnes) en 2005.

Par ailleurs, rien ne permet de penser que les émissions de CO2 du volcan seront compensées par la réduction draconienne des vols dans l'espace aérien du nord de l'Europe.

«Il y a un peu moins de CO2 émis, mais des gens sont rapatriés par autocars, les vols sont repoussés, pas annulés», explique à l'AFP le climatologue Hervé Le Treut.

Et «que les gaz soient émis maintenant ou dans trois semaines, ça ne change pas fondamentalement la donne au niveau du climat», a-t-il ajouté.