Le scepticisme grandissant dans la population à l'égard du vaccin contre la grippe A (H1N1) inquiète les autorités de la santé publique, qui craignent que la pandémie ne soit aggravée parce que trop de Canadiens refusent l'injection. «L'idée que des gens pourraient choisir de ne pas être immunisés est préoccupante», a estimé hier l'administrateur en chef de l'Agence de santé publique du Canada, le Dr David Butler-Jones.

Depuis plusieurs semaines, des pétitions contre une vaccination de masse, des doutes sur les effets secondaires du vaccin ainsi que des allégations de complot au profit des sociétés pharmaceutiques se sont multipliés et ont malmené les efforts du gouvernement à convaincre la population de l'importance de se faire vacciner contre le virus de la grippe A (H1N1).

 

Or, le Dr Butler-Jones met la population en garde: «Moins de gens immunisés, ça va vouloir dire plus de gens aux soins intensifs, plus de gens dans les hôpitaux et plus de gens infectés par le virus contraints de se soigner à la maison.»

«Si davantage de gens sont immunisés, ça protégera non seulement eux-mêmes, mais les autres autour, a-t-il ajouté. Éventuellement, la seule façon d'enrayer complètement la pandémie, c'est soit d'être tous infectés, ou tous immunisés. Je préfère la deuxième option.»

Au début du mois, un sondage Harris-Décima pour La Presse Canadienne avait révélé que 45% des Canadiens seulement affirmaient avoir l'intention de se faire vacciner contre la grippe A (H1N1).

«Personnellement, je ne voudrais pas conseiller à ma famille de refuser un vaccin qui les protégerait et assister ensuite à la mort d'un de mes enfants», a tranché le Dr Butler-Jones, qui estime, à la veille d'une possible deuxième vague de la pandémie, que la population ne devrait pas craindre le vaccin tant attendu.

Deux vaccins

Par ailleurs, les analyses du ministère de la Santé ont révélé que le fait d'être immunisé contre l'influenza saisonnière n'augmenterait pas le risque de contracter une forme sévère du virus de la grippe A (H1N1). Ottawa recommande donc aux personnes à risque de se faire vacciner, comme chaque année, contre le virus de la grippe saisonnière, en plus du vaccin contre la pandémie actuelle, qui doit être disponible au Canada à partir de la mi-novembre.