Les auteurs sont respectivement doctorat à la London School of Economics and Political Science et professeur à l'École nationale d'administration publique à Québec.

Le 21 septembre, on fête la Journée internationale de la paix. Profitons-en pour célébrer le principal vecteur de la paix dans le monde: le capitalisme! Vous êtes sceptiques? Et pourtant!

Même si les technologies nous permettent aujourd'hui de suivre en temps réel les conflits qui sévissent un peu partout sur la planète; même si on l'impression de vivre dans un monde toujours plus violent, il n'en est rien. Depuis la seconde guerre mondiale, on observe une importante réduction de la violence et de la fréquence des conflits à l'échelle mondiale.

Selon le Human Security report 2009-2010, le nombre moyen de décès sur les champs de bataille est passé de 596 000 en 1950 à moins de 17 000 en 2007, une tendance qui s'est confirmée avec la chute de l'Union soviétique. D'ailleurs, depuis le début des années 1990, la diminution du nombre de victimes sur les champs de bataille s'accélère. Aujourd'hui, les guerres sont plus localisées et de moindre envergure que par le passé. En outre, les conflits armés affectent une proportion de plus en plus petite de la population mondiale.

Plusieurs observateurs de la scène internationale associent cette diminution de la violence à la propagation des principes démocratiques. Toutefois, d'autres facteurs seraient plus porteurs pour comprendre les raisons de cette «pacification» du monde. Elle serait notamment attribuable à l'échange économique : plusieurs chercheurs ont établi une relation étroite entre le commerce, l'investissement, la liberté économique et la paix.

Ainsi, certains économistes ont noté que l'explosion des investissements étrangers dans les pays en développement coïncidait avec une diminution de la fréquence et de la violence des conflits. Ils ont aussi remarqué que l'ouverture des marchés de capitaux avait pour effet de réduire la probabilité des conflits. D'autres économistes ont confirmé ce lien, estimant que le risque de guerre diminue d'environ 20% lorsque le volume du commerce double.

Dans le prestigieux American Journal of Political Science, le politologue Eric Gartzke avance que le capitalisme est plus susceptible de conduire à la paix que la démocratie. Grâce à l'échange économique, les pays développent des intérêts réciproques; le commerce inter-États encourage les rapprochements et atténue les animosités. De plus, l'enrichissement qui en découle favorise la stabilité du pays; il permet aux individus, aux travailleurs et aux entrepreneurs de s'accomplir et de pourvoir eux-mêmes à leurs rêves de liberté.

Ainsi, la coopération économique entre États semble être l'un des meilleurs moyens de favoriser la paix dans le monde. Lorsque vous commercez avec un pays voisin et que ce dernier, comme vous, s'enrichit de l'échange économique, il devient coûteux de se faire la guerre. C'est simple, personne n'aime s'appauvrir.

À l'occasion de la Journée internationale de la paix, méfiez-vous des chantres du repli sur soi, de ceux qui accuseront la mondialisation et le capitalisme de tous les maux du monde. Comme le disait Frédéric Bastiat, «si les marchandises ne traversent pas les frontières, les soldats le feront».