Les familles désertent Montréal à un rythme inquiétant. Une fois bébé annoncé, le réflexe des 25-44 ans est de faire leurs boîtes et de traverser les ponts. Mais ils sont bien rares à faire le chemin inverse avec, pour résultat, une perte nette de jeunes adultes sur l'île.

Les familles désertent Montréal à un rythme inquiétant. Une fois bébé annoncé, le réflexe des 25-44 ans est de faire leurs boîtes et de traverser les ponts. Mais ils sont bien rares à faire le chemin inverse avec, pour résultat, une perte nette de jeunes adultes sur l'île.

La situation est dramatique. D'autant que les programmes d'accès à la propriété ne ralentissent nullement cet exode, pas plus que les pubs ou les quelques cartes Opus données aux nouveaux arrivants.

Pourquoi? Parce que l'on oublie d'offrir aux parents ce qu'ils recherchent: une qualité de vie à la hauteur de leurs attentes, une chose qu'au moins un arrondissement - le Plateau - s'est donné pour mission de développer. Enfin.

«Les personnes et les ménages votent avec leurs pieds», c'est-à-dire qu'ils optent de vivre dans une municipalité qui offre pour eux le type d'environnement souhaité, note Statistique Canada dans un rapport récent sur la migration urbaine.

Près de la moitié des nouveaux parents de la classe moyenne ayant eu leurs enfants entre 2001 et 2006 ont ainsi choisi la banlieue, et pas seulement parce que les maisons y sont plus abordables. Ils y trouvent une qualité de vie bienfaisante, des espaces verts bien entretenus et un environnement suffisamment sécuritaire pour que les enfants s'y épanouissent sans crainte de se faire frapper par une voiture.

Autant de choses que la ville n'offre pas. Ou plutôt, n'offre plus.

À mesure que l'étalement urbain prend de l'ampleur à l'extérieur de l'île, un autre étalement sévit à l'intérieur. De plus en plus de quartiers résidentiels sont utilisés comme de vulgaires voies de transit vers le centre. Avec les inconvénients que l'on imagine pour les riverains.

Prenons le Plateau, quartier viable s'il en est. Pas moins de 83% de toute la circulation est composée d'autos qui entrent d'un côté pour sortir aussitôt de l'autre. Des voitures qui tentent souvent d'éviter la cohue des artères en se faufilant dans les rues résidentielles...

Un petit apéro sur votre balcon de l'avenue Christophe-Colomb? Oubliez ça!

D'où les mesures annoncées lundi par le maire de l'arrondissement, Luc Ferrandez. À défaut de pouvoir agir sur la valeur des maisons et le pouvoir d'achat des ménages, il jouera avec le sens des rues, un geste peu cher qui pourrait rapporter gros.

Au cours des prochains mois, Laurier Est deviendra un boulevard à sens unique. Plusieurs rues, comme Christophe-Colomb, verront leur sens inversé. Certaines autres perdront de leur largeur, des places seront créées et des limites de vitesse réduites, afin de concentrer la circulation sur Saint-Denis et Papineau.

Anti-auto, le Plateau? Non, plutôt pro-qualité de vie.

Ce n'est pas pour embêter les automobilistes que le maire de Projet Montréal leur demande de s'en tenir aux grandes artères, mais pour que les citoyens se réapproprient l'espace public, redécouvrent leur quartier, regardent leur ville avec des yeux nouveaux... plutôt que de la déserter.

La qualité de vie, après tout, n'est pas l'apanage de la banlieue.

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