Pas évident de rester bien accroché aux Rescapés de Radio-Canada. Suivez-vous toujours cette série fantastico-dramatico-comico-historique? Si oui, ça demande de l'acharnement, une volonté de fer et une profession de foi quasi aveugle en l'auteur, Frédéric Ouellet, qui a aussi signé Grande Ourse. Parce que c'est mêlant. Vraiment mêlant. Et embrouillé.

On ne parle pas ici d'une série délicieusement compliquée à la Damages, Perdus ou Aveux, qui force le téléspectateur, de façon habile, à tresser lui-même des liens entre différents personnages et événements. On parle ici d'une série inutilement complexe, trop éparpillée, pas assez ramassée, dont les intrigues franchissent souvent les limites du plausible et de l'invraisemblable.

L'épisode de mardi m'a franchement découragé. On y a vu Monique (Guylaine Tremblay), qui a porté l'enfant d'un soldat italien de la Seconde Guerre mondiale, faire des rêves érotiques en repassant du linge. Sans blague.

Débarqué de nulle part, le personnage incarné par Catherine-Anne Toupin s'est tout d'un coup passionné pour l'incompréhensible équation spatio-temporelle de Stéphane Harton (François Létourneau), alias le scientifique narcoleptique qui s'endort, bang, comme ça, au beau milieu de la rue Fullum. Il y a aussi M. Chabanel (Denis Gravereaux), un être hyper caricatural, qui s'est téléporté en 1985 pour retrouver une jeune prostituée portant des marques intrigantes sur l'omoplate gauche.

Sans compter la scène où Fred (Blaise Tardif) lançait des boîtes de conserve au tireur Viateur Bolduc (Yan England) pour l'éloigner de la policière Gina McRae (Céline Bonnier). Quelques minutes plus tard, Fred et Gina ont eu un coup de foudre difficilement explicable. Où tout cela nous mènera-t-il? Honnêtement, une chatte y perdrait ses petits.

Au fil des dernières semaines, Charles (Maxim Gaudette) et Gérald (Roy Dupuis) ont également rencontré un moine passionné de speed métal qui les a aidés à décrypter le livré ancien volé à Chabanel. Mettons que cela fait beaucoup de matériel bizarre à assimiler.

Tout ça, rappelons-le, avec comme trame de fond le saut dans le temps de la famille Boivin qui, en un éclair sur le mont Royal, est passée de 1964 à 2010. Selon les courriels découragés que vous m'avez expédiés, vous avez été nombreux à abandonner cette nouveauté automnale. Les chiffres de BBM le prouvent hors de tout doute: 1 083 000 téléspectateurs ont visionné la première, alors que les cotes d'écoute se baladent maintenant entre 600 000 et 750 000 fidèles.

Il ne reste que deux épisodes des Rescapés pour rabouter tous ces petits morceaux d'histoire éparpillés. Le problème, c'est que plus on avance vers la fin, moins on comprend les ramifications. Même Marc Labrèche à 3600 secondes d'extase s'est moqué de l'opacité de cette émission échevelée dans un sketch très comique.

C'est dommage, car j'aurais vraiment voulu aimer cette série prometteuse portée par une distribution solide. Mais non. C'est par acquit de conscience que je la regarde et non par simple plaisir.

J'adore quand la télé québécoise sort des sentiers battus et nous transporte ailleurs. Oui, il faut prendre des risques, explorer de nouveaux univers. Sauf que cette fois-ci, il manque peut-être une grosse touche de finition et d'unité pour réchapper ces Rescapés.

La fin approche

L'automne a filé à la vitesse de l'éclair et, déjà, c'est la fin des émissions pour plusieurs émissions populaires. Lundi soir, les saisons de La galère et de Yamaska s'arrêtent. Mardi soir, au tour de Providence de quitter les ondes pour la pause des Fêtes (oui, ça s'en vient). Les téléromans de TVA La promesse et Destinées se terminent respectivement le 30 novembre et le 1er décembre, tandis que Toute la vérité accroche ses patins le 29 novembre.

À Radio-Canada, L'auberge du chien noir ferme le 6 décembre, Mauvais karma stoppe le 1er décembre et Tout sur moi s'éteint le 8 décembre. Pour Virginie, la boucle sera bouclée pour de bon le 16 décembre. On aura le temps de s'en jaser d'ici là.

Photo: Radio-Canada

Roy Dupuis et Guylaine Tremblay