C'est un phénomène fascinant. Mettez Mario Dumont debout devant son rutilant écran «touchless» et bingo, il se décoince, gesticule amplement et parle avec aplomb et assurance.

Maintenant, assoyez l'ancien chef de l'Action démocratique du Québec (ADQ) dans le décor de son émission Dumont 360 sur V et, ouf!, il se raidit, ajuste mal le niveau sonore de sa voix et bafouille de temps en temps.

Deux positions physiques, deux Mario complètement différents. Le premier Mario des portions «Mario 101» et «Mario Opinion» dégage de la chaleur et connecte avec son monde. Le deuxième manque de spontanéité, comme freiné par la mécanique de l'émission et les enchaînements à accomplir.

Malgré une première en dents de scie lundi, le nouveau visage des affaires publiques de V paraissait moins nerveux hier soir, moins coincé sur son plateau de télévision flambant neuf. Et les sujets qu'il a abordés étaient moins rasoirs (le Stade olympique, vraiment?) et plus collés sur l'actualité du jour (comme le décrochage scolaire, merci Barack Obama).

Selon des chiffres fournis par V, la première diffusion de Dumont 360 a intéressé 202 000 téléspectateurs, ce qui classerait la chaîne de Remstar derrière TVA (Le 17 h) et Radio-Canada (Pyramide et L'union fait la force). Cette cote d'écoute n'a toutefois pas pu être validée avec la firme BBM, qui mesure l'écoute de la télé au Québec.

Lundi, Mario Dumont interrompait fréquemment ses invités, mettant fin abruptement à des segments mal définis. L'entrevue qu'il a réalisée avec l'amie du curé disparu n'a absolument rien apporté de nouveau au reportage sur le même sujet qui avait été présenté quelques minutes auparavant. Hier, l'ex-politicien souriait plus et on le sentait plus en contrôle de son show, moins empêtré dans la quincaillerie.

Autre observation: l'utilisation par les reporters d'un micro jaune clairement identifié à V laisse croire aux téléspectateurs que la station dispose encore d'une salle de nouvelles alimentant les bulletins intégrés à Dumont 360. Ce qui n'est pas le cas. Ces journalistes bossent pour ADN5, une agence qui sous-traite l'information pour V. Nuance très importante.

À la présentation des nouvelles, la journaliste Ève Couture accomplit un boulot sans faille. Certains lui reprocheront peut-être une utilisation abusive de l'écran «touchless». Mais, bon. Quand on dispose d'un joujou aussi perfectionné, il faut bien s'amuser avec, non?

Remixer sa télé

Après Ginette Reno qui a remixé sa vie dans une de ses (célèbres) chansons, Radio-Canada permettra aux téléspectateurs de rebrasser les intrigues de sa nouvelle webémission interactive portant le titre de - roulement de tambour - RemYx. Le Y de RemYx représente la fameuse génération branchée à qui s'adresse la série, soit les 18 à 25 ans.

RemYx, dont le slogan est: «mêlez-vous de leurs affaires», détaillera les tribulations amoureuses de six amis, tous dans la vingtaine, qui habitent le même triplex. La websérie, dont le premier épisode aboutira en ligne le vendredi 18 septembre à 19 h, comptera 12 émissions de quatre minutes. Oui, c'est hyper court. Comme à peu près tous les produits télévisuels conçus expressément pour internet (voir Les chroniques d'une mère indigne).

Et l'interactivité dans tout ça? La voici: après chacun des épisodes, une question apparaîtra. Sam devrait-elle quitter Alex? Ou fermer les yeux sur ses infidélités?

Les deux auteurs de RemYx, Annabelle Poisson et Dominic Goyer, intégreront le choix du public à l'épisode suivant. Outre Sam l'intello (Laurence Dauphinais) et Alex le photographe tourmenté (Étienne Pilon), le triplex de RemYx abrite également le couple formé par Émilie (Marie-Laurence Moreau) et Philippe (Antoine Portelance). Ex-fille de party, Émilie désire des enfants, mais pas Philippe, terrorisé par l'idée. Finalement, il y a la célibataire romantique Rosalie (Sarah Dagenais-Hakim) et son coloc Tristan (Alexandre Fortin), grand voyageur solitaire, incapable de s'attacher.

Avec sa réalisation nerveuse et sa facture très urbaine, rappelant un brin celle de Comment survivre aux week-ends de Canoe, RemYx aborde la réalité des Y sans complaisance. Dans le premier épisode, vous entendrez même un des personnages féminins dire, avant de s'allumer un joint: «es-tu en train de me demander la permission de fourrer une autre fille»?

«Il n'y a pas encore de censure sur le Web, alors autant en profiter», remarque le coscénariste Dominic Goyer.

Pas de Bye Bye?

Les rumeurs galopent dans la grande tour: Radio-Canada n'inscrirait pas de Bye Bye 2009 dans la programmation de sa traditionnelle soirée télé du 31 décembre.

Ça vous étonne? Pas trop, non. La fâcheuse saga du dernier Bye Bye 2008, concocté par Véronique Cloutier et Louis Morissette, fait encore les manchettes neuf mois après sa mise en ondes, notamment en raison des remontrances récentes du Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) et celles du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).

Outre le facteur «scandale», la SRC aurait euthanasié son Bye Bye pour des raisons économiques, selon nos informations. Une revue de fin d'année comme celles bricolées par RBO coûte très cher à produire, notamment pour le tournage des sketches avec costumes, perruques et maquillages élaborés.

Hier, la direction de Radio-Canada a jugé qu'il était encore trop tôt pour discuter de l'avenir du Bye Bye 2009. Une annonce viendra la semaine prochaine, nous dit-on. On prend des paris? Moi, je mise sur la case «kaput».

 

La Presse Canadienne

Mario Dumont sur le plateau de sa nouvelle émission, Dumont 360