La semaine dernière, Sandoz Canada a avisé les pharmacies et les hôpitaux du Québec qu'elle ne sera pas en mesure de leur fournir tous les médicaments commandés en raison de travaux à son usine de Boucherville. Ces «ruptures temporaires dans l'approvisionnement de certains produits» sont très préoccupantes, ce pour plusieurs raisons. D'abord, Sandoz est le seul fabricant de plusieurs de ces médicaments au Canada. De plus, ces produits sont dans bien des cas essentiels dans le traitement des patients hospitalisés; on pense à la morphine. Enfin, parce qu'il s'agit de médicaments injectables, il n'est pas facile de trouver des substituts.

Sandoz se voit dans l'obligation d'apporter des changements à ses méthodes de production à la suite d'une «lettre d'avertissement» de la Food and Drug Administration américaine (FDA). Cette lettre fait état de failles dans le contrôle de la qualité de la production à Boucherville, failles d'abord décelées en 2009 et qui n'avaient toujours pas été réglées lors de nouvelles inspections l'été dernier. «Il apparaît que Novartis (NDLR: la multinationale propriétaire de Sandoz) n'a pas apporté de correctifs globaux et durables», conclut la FDA.

L'annonce de Sandoz a suscité beaucoup d'inquiétude dans le réseau de la santé au Québec et parmi les patients. Cette inquiétude est d'autant plus grande que, jusqu'à maintenant, l'entreprise n'a pas fourni un portrait clair de la situation. Des rencontres sont prévues cette semaine avec différents intervenants, mais il n'est pas certain que Sandoz puisse ou veuille répondre à toutes les questions. Pour ce qui est de l'information au grand public, Sandoz mérite un gros zéro.

Cette affaire illustre la grande vulnérabilité des approvisionnements en médicaments, vulnérabilité accrue par la consolidation de l'industrie pharmaceutique mondiale. Aux États-Unis, le président Obama vient d'ordonner à la FDA d'agir dans ce domaine, notamment en exigeant des fabricants qu'ils l'avisent à l'avance des interruptions de production.

Le gouvernement canadien doit lui aussi faire de cette question une priorité; la santé de milliers de patients est en jeu. Les risques de pénurie doivent être gérés au niveau national. Et les fabricants doivent être légalement tenus de prendre des mesures pour limiter l'impact d'éventuelles ruptures de stock.