Les chansons interprétées, hier soir, pendant le match entre le Canadien et le Wild du Minnesota, avaient un auditeur particulièrement attentif.

De retour de la Californie où il avait participé à sa première réunion des gouverneurs de la Ligue nationale, Geoff Molson avait hâte d'assister au match de son équipe. Mais pendant son voyage, il avait eu le temps de lire l'article de Patrick Marsolais dénonçant le fait que la sélection musicale pendant le match de jeudi dernier contre les Penguins de Pittsburgh avait été anglophone à 96%.

«Honnêtement, ça ne m'avait pas frappé avant de lire l'article. Par contre, tout ce qui se passe pendant un match est en français ou dans les deux langues. Je vais certainement réfléchir à la question, mais la réponse n'est pas évidente», a-t-il dit hier quand je lui ai posé des questions sur le sujet. Avant le match.

À ma grande honte, c'est Patrick Marsolais qui a sonné la cloche d'alarme dans mon cas. Sans doute qu'on est tellement assommé par les tounes anglophones à coeur de journée que je n'entendais plus ce qui était joué au Centre Bell. Je savais qu'on avait droit à Bobépine un fois de temps en temps, mais je n'avais pas remarqué que la version originale de Plume Latraverse avait été remplacée par celle d'Éric Lapointe. Sans doute que les droits de Plume coûtaient plus cher. Ou on voulait un son plus jeune.

Certains ont fait les gorges chaudes sur Marie Mai. Mais les chansons de Marie Mai n'ont rien à envier à celles de Jessica Simpson. Et puis, les cinquante dernières années de la chanson francophone, qu'elle soit québécoise, acadienne, française ou belge, doivent fournir de quoi encourager les joueurs et les fans et meubler l'ennui de certains matchs.

Par exemple, quand le Canadien s'étouffe dans sa médiocrité, Charlebois pourrait entonner: «Entre deux joints, tu pourrais te grouiller le cul!» Ou encore, après un mauvais but accordé par Carey Price, on aurait droit à Tout écartillé.

J'aime beaucoup Dégénération de mes Aïeux ou certains airs des Cowboys fringants. Et puis, Pagliaro a du rock bien baveux qui pourrait dégouliner sur n'importe lequel adversaire mal aimé de la Flanelle. Et Pierre Lalonde pourrait chanter C'est le temps des vacances quand le Canadien achève d'écraser les Bruins de Boston 7 à 0.

De toute évidence, je suis comme de nombreux lecteurs. J'aime mieux Jailhouse Rock que le Rock du bagne. Et comment se fatiguer de U2 ou des Doors?

Mais je me dis que tous les matchs du Canadien sont également retransmis dans des villes américaines ou dans le reste du Canada et que c'est une formidable vitrine pour montrer ce qu'est la culture du seul État de langue française en Amérique.

Si moi je n'ai pas la compétence d'offrir une sélection qui se tient à l'animateur de foule du Centre Bell, je suis convaincu que ce n'est pas votre cas. Alors, vous connaissez l'adresse: Rejean.tremblay@lapresse.ca pour faire parvenir vos suggestions.

J'aimerais que vous donniez les passages des chansons qui, selon vous, conviendraient à certaines situations bien précises. Je vais me faire un devoir et un plaisir d'écrire une petite chronique avec ce choc culturel qui va ébranler le Québec. Et peut-être que M. Molson aura les réponses qu'il cherche dans vos lettres.

Une seule chanson est totalement hors jeu et interdite: Le temps d'une dinde par Hi Ha Tremblay. Tous les droits appartiennent maintenant à Marcel Aubut.

Et comme le Wild ne revient pas cette saison, inutile de suggérer Fais-moi la tendresse de Ginette Reno.

Ni Noir c'est noir de Johnny Hallyday pour Georges Laraque. Même si c'est Nanette Workman qui fait les choeurs. Faut se forcer un peu.