Eric Van den Eynde a une idée pour le Stade olympique. Et elle mérite d'être examinée sérieusement.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, Van den Eynde est un coach de vélo. Entraîneur-chef de l'équipe du Québec sur route et sur piste, ex-entraîneur-chef national, il a dirigé des athlètes comme Lyne Bessette, Martin Gilbert, Lori-Ann Muenzer et Clara Hughes. Il connaît le tabac.

Comme tous les amoureux de vélo, Van den Eynde n'a jamais digéré qu'on ait mis la hache dans le Vélodrome olympique pour en faire le Biodôme, il y a une vingtaine d'années. Ce changement de vocation a donné au Québec un remarquable musée de la nature, mais il l'a aussi privé de son seul vélodrome intérieur, une lacune qui n'a jamais été comblée depuis.

 

D'où l'idée de Van den Eynde: construire une nouvelle piste d'entraînement de 200 mètres dans les espaces présentement inoccupés, au pied du mât du Stade, entre la piscine et l'aire de jeu principale. Dans les mêmes espaces, en fait, que convoite le Centre national multisports de Montréal (CNMM) pour établir un jour un Institut du sport regroupant les meilleurs athlètes de plusieurs disciplines olympiques.

Un plan farfelu? Pas du tout, assure Van den Eynde. «Tout ce dont j'ai besoin, c'est l'espace pour installer la piste», dit-il.

L'entraîneur traîne le projet dans ses cartons depuis quelques années. À l'époque, une fondation très connue avait manifesté de l'intérêt, un marchand de bois se montrait disposé à fournir à bon prix le contreplaqué nécessaire et un entrepreneur était prêt à réaliser les travaux d'installation pour une fraction du prix normal.

Il faudrait voir si ces partenaires potentiels sont toujours intéressés. Mais le projet ne coûterait probablement pas une fortune. «Avec 150 000$, ça pourrait se réaliser», assure Van den Eynde.

Une telle piste pourrait être un outil de recrutement extraordinaire auprès des jeunes. «Des grands cyclistes comme Francesco Moser, Steve Bauer, Greg LeMond ou Bernard Hinault ont fait leurs débuts sur piste, souligne le directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes, Louis Barbeau. C'est une école de vélo intéressante dans un environnement sécuritaire à longueur d'année.»

Le projet pourrait aussi bien s'intégrer à l'Institut que rêve de créer le CNMM, dont j'ai parlé dans une récente chronique. Il permettrait aux meilleurs cyclistes du Québec et de l'est du pays de développer leur potentiel, contrairement à ce qui se passe présentement. Le Québec produit de moins en moins de pistards, alors qu'il y a 20 ans, les cyclistes de la province comptaient pour 70% de l'équipe nationale.

Le vélodrome extérieur de Bromont, qui a autrefois permis aux cyclistes québécois de s'entraîner à peu près convenablement, ne suffit plus, car depuis quelques années, les épreuves de Coupe du monde ont lieu en hiver. Les cyclistes d'ici qui veulent y participer n'ont pas tellement le choix: s'ils veulent peaufiner leur préparation, ils doivent se rendre au vélodrome de Burnaby, en Colombie-Britannique. (Il y a aussi un vélodrome intérieur à London, en Ontario, mais il ne fait que 138 m.)

S'entraîner au bord du Pacifique ne sied pas à tous les athlètes, surtout s'ils étudient dans une université québécoise, comme c'était le cas pour Martin Gilbert, 12e dans la course de Madison des JO de Pékin, l'été dernier. «Si Martin Gilbert avait eu accès à une piste intérieure au Québec, il aurait pu être parmi les quatre ou cinq meilleurs au monde», assure Louis Barbeau.

«Pour être compétitif sur la scène internationale, il faut avoir un accès presque quotidien à un vélodrome, comme la majorité des athlètes sur le circuit de la Coupe du monde, dit Barbeau. Tu ne peux y arriver en t'entraînant sur un CompuTrainer dans ton sous-sol et en allant sur la piste seulement dans les quatre ou cinq jours précédant la course.»

Un autre projet de vélodrome intérieur, à Saint-Georges-de-Beauce, a circulé au cours des derniers mois. Mais en tout respect pour les habitants de la région, qui ont fait la preuve avec le Tour de Beauce de leur ferveur pour le vélo, Montréal est le seul site d'accueil logique pour ce genre d'infrastructure: proximité des universités, masse critique de cyclistes, possibilité de partage de ressources avec d'autres sports, etc.

«À l'époque du Vélodrome olympique, avec très peu de publicité, on remplissait les plages horaires. Un paquet de coureurs s'y sont découvert une passion pour le vélo, note Barbeau. C'est évident que Montréal devrait avoir un vélodrome intérieur.»

Suffirait d'un peu de bonne volonté... et d'un coup de fil à Eric Van den Eynde.

Le Canadien, en vrac

J'ai fait un mea-culpa la semaine dernière pour mon manque de clairvoyance au sujet du congé que Bob Gainey a donné à Alex Kovalev. Permettez que j'en ajoute un autre à propos de l'acquisition de Mathieu Schneider, dont l'arrivée a marqué la renaissance du Canadien en supériorité numérique... et la renaissance du Canadien, tout court. Attention quand même à ne pas surtaxer ses vieilles jambes! ... Il n'a jamais marqué plus de 11 buts en une saison, mais Steve Bégin n'en a pas moins laissé un souvenir impérissable dans le coeur des fans du CH. Si tous les joueurs avaient autant de coeur au ventre que lui... Rien à redire contre Glen Metropolit, un honnête travailleur, mais ce n'est pas exactement lui que j'avais en tête quand j'ai entendu Bob Gainey dire que l'équipe aurait besoin de renfort au centre. On est loin de Robert Lang.