«Il y a une différence dans le vestiaire, c'est certain. Quand Saku Koivu est avec nous, (Alex) Kovalev fait attention. Il parle moins dans le vestiaire. C'est un peu normal, je pense que c'est une question de respect envers le capitaine. Mais lorsque Koivu est blessé et que Kovy porte le «C», il peut se laisser aller davantage et alors, il parle à chaque match. Il souligne ce qui ne va pas ou il nous pousse même quand ça va bien. Kovalev est un homme très intense. Il se met beaucoup de pression sur les épaules, plus que ce que les gens peuvent croire. Il est très exigeant envers lui-même», m'explique un joueur du Canadien.

Deux sources à l'intérieur du vestiaire m'ont dit la même chose. Elles ont expliqué comment elles vivaient la différence dans le leadership de Saku Koivu et d'Alex Kovalev. Ni l'un ni l'autre des joueurs à qui j'ai parlé n'a eu la moindre intention de dénigrer le capitaine régulier, dont on attend le retour d'ici à quelques matchs.

 

Mais les deux ont évidemment noté que l'équipe joue mieux depuis que Kovalev porte le «C». Et, curieusement, le même phénomène s'était produit la saison dernière. Une blessure à Koivu avait semblé ouvrir la voie au grand Russe.

Personnellement, même s'il est évident que Saku Koivu va rester capitaine du Canadien jusqu'à sa retraite ou son départ de Montréal, je pense que Kovalev est un leader plus naturel pour les jeunes de l'équipe. Et le reste s'ensuit.

Il est plus «cool» dans la vie. Il pilote son avion, il s'est engagé auprès de fondations pour les enfants tant à Montréal qu'en Russie et il a un charisme qu'on n'a pas vu chez un Glorieux depuis Guy Lafleur. Et il n'a pas peur d'exprimer son opinion ou de tenir tête à ses patrons, quitte à se retrouver dans le pétrin à l'occasion. Koivu s'est lui aussi engagé auprès d'une fondation à Montréal et il ne faut pas minimiser son importance. Mais Kovy, c'est Kovy.

Personne n'a oublié la crise provoquée par ses remarques il y a trois ans concernant son coach Guy Carbonneau. Mais personne n'a oublié non plus le spectacle de Bob Gainey quittant le Centre Bell comme un fuyard alors que Kovalev s'installait sur une boîte de bois pour répondre aux questions d'une trentaine de journalistes. Au moins. Avec un aplomb qui clamait clairement que personne ne pouvait lui faire baisser la tête. Personne n'a oublié. Ni les journalistes, ni les joueurs qui étaient avec l'équipe.

C'est une opinion bien personnelle que des heures d'observation dans le vestiaire et dans les avions et autobus de l'équipe pourraient peut-être infirmer, mais tout indique que l'équipe joue mieux et est plus détendue et confiante quand c'est Kovalev qui est le patron. Les statistiques le montrent en tous les cas. Même si je conviens qu'on peut faire dire n'importe quoi et son contraire aux statistiques.

Les joueurs à qui j'ai parlé ont une autre explication. L'un soutient que le vide causé par la blessure de Koivu permet aux plus jeunes de briller davantage. «Nos grands succès des dernières semaines s'expliquent facilement. C'est le trio de Maxim Lapierre, Guillaume Latendresse et Tom Kostopoulos qui tire l'équipe. Maxim a plus de glace et il en profite», de dire mon informateur.

N'empêche, la fiche de Kovy comme capitaine est de huit victoires, trois défaites et un revers en prolongation. Malgré des blessures à Carey Price, Christopher Higgins, Alex Tanguay et Saku Koivu. Et j'oubliais Georges Laraque. Minute papillon: Price, Higgins, Koivu et Tanguay, c'est le gardien-étoile du Canadien et le premier trio au complet. Et le club gagne à un rythme d'enfer malgré tout. Y a toujours bien une explication quelque part?

«Nous avons ajouté plusieurs jeunes à l'équipe. Ça prend toujours un peu plus de temps à intégrer ces nouveaux joueurs, à leur faire apprendre parfaitement le système de jeu et surtout à leur faire prendre confiance. Ils ont eu la chance de se développer avec les blessures et leur apport accru coïncide avec le fait que Kovy porte le «C». C'est plus une question de circonstances selon moi», m'a dit un autre joueur.

Ça se peut.

Ce qu'on ne peut connaître, par contre, ce serait l'impact d'un Kovalev capitaine pendant toute une saison. Ce qu'on a noté, c'est que le club va mieux quand il porte le «C» pendant quelques semaines. Quant à savoir comment «l'Artiste» vivrait l'usure du quotidien, faudra attendre pour avoir une réponse. Et peut-être qu'on ne le saura jamais.

Les gros bras de Toronto

À part quelques belles éditions, trop rares, les Maple Leafs de Toronto ont toujours eu des allures de gros bras. C'est une équipe détestable. Ça remonte à Maurice Richard et ça s'est continué dans les années de Carl Brewer et d'Eddie Shack jusqu'à Tie Domi et Darcy Tucker. Ce qu'on a vu cette semaine au Centre Bell s'inspire de la grande tradition d'une équipe qui a gagné la Coupe Stanley lors du centenaire du Canada. Et depuis, même pas une finale.

Les Leafs ont gagné les deux bagarres mais, pour le reste, ils ont fait pitié. Ce qui prouve que les bagarres ne veulent rien dire quand on n'a pas de bons joueurs pour marquer des buts. Guy Carbonneau a prouvé son point, jeudi soir. Ses gars n'ont pas reculé d'un pouce et s'ils ont essuyé quelques coups de poing, ils n'ont jamais baissé l'intensité de leur jeu. Georges Laraque est très bien là où il est présentement. À l'infirmerie.

Quant à Mikhail Grabovski, il a fait un petit fou de lui. Mais quand on joue pour les Leafs et que l'exemple a été donné par Darcy Tucker, à quoi doit-on s'attendre?

Grabovski aurait dit des idioties à propos de Sergei Kostitsyn. Il n'accepterait jamais de se battre contre un Biélorusse mais il le ferait contre Kostitsyn puisque ce dernier serait devenu un «français». Peut-être voulait-il dire un Québécois? Mais comment s'indigner après les injures lancées par le gros cave lors du dernier Bye Bye?

On va dire qu'on est 1-1 en 2009.