Nous sommes en 2008 après Jésus-Christ ; toute la planète est aux prises avec la crise économique... Toute? Non! Car un village peuplé d'irréductibles Québécois résiste encore et toujours à la récession.

Bien que déclenchée sous prétexte de crise économique, la campagne électorale québécoise se déroule comme si le Québec allait être le seul coin de la planète épargné par la turbulence qui secoue le monde entier.

À commencer par ce débat surréaliste au sujet des «pertes» de la Caisse de dépôt, dont l'opposition accuse le «spéculateur» Jean Charest d'être responsable. Comme si la Caisse pouvait ne pas être touchée par la descente aux enfers de tous les marchés du monde! Il serait intéressant que Mme Marois et M. Dumont expliquent comment ils auraient empêché cette dégringolade de la valeur des placements de la Caisse...

Plus étonnant encore, les trois principaux partis ont multiplié les promesses, promesses qui coûteraient entre 1,5 milliard et 2,5 milliards de plus par année au gouvernement. Pour donner un semblant de crédibilité à ces engagements, les partis comptent notamment sur une reprise économique rapide en 2010. Ce n'est pas de l'optimisme, mais du jovialisme.

Cette récession n'est pas une récession ordinaire. Aux yeux de la plupart des économistes, gens d'affaires et banquiers, la crise actuelle est la plus sérieuse depuis celle des années 30. Une firme londonienne écrivait à ses clients vendredi : «Peut-être avons-nous traversé la première phase de cette crise, mais il est possible que la phase suivante soit encore plus grave.»

Dans ses plus récentes prévisions, l'OCDE prévoit une reprise très lente en 2010 aux États-Unis, au Japon et dans la zone Euro. Aux États-Unis, de loin notre plus grand client, les consommateurs ont cessé d'acheter, le marché immobilier est paralysé, l'industrie automobile est au bord du gouffre, les banques sont tétanisées par la peur. Tout indique que Washington devra intervenir pour sauver de la faillite l'immense groupe financier Citigroup, jusqu'ici jugé indestructible avec ses actifs de 2000 milliards.

L'impact de cette conjoncture sur notre industrie manufacturière, déjà fragilisée, risque d'être terrible. Même chose pour la forêt. L'industrie minière aussi sera malmenée, les prix des métaux étant en chute libre.

La crise est si profonde que les politiciens et les économistes les plus favorables au libre marché prônent maintenant une intervention massive des gouvernements. Hier, le premier ministre Stephen Harper a évoqué un plan de stimulation fiscale «sans précédent». Peu porté à la panique, M. Harper s'est cette fois-ci montré très inquiet. «Nous n'avons pas assisté à un ralentissement aussi brusque doublé d'aussi fortes pressions déflationnistes depuis 70 ans», a-t-il souligné.

Pendant ce temps, dans le village de Fleurdelix, les aspirants chefs parlent d'augmenter les dépenses publiques afin de rendre encore plus généreux nos programmes sociaux. Sont-ils inconscients de la gravité de la crise? Ou bien agissent-ils ainsi parce que c'est ce que les électeurs désirent?

Car les Québécois ne semblent pas encore conscients du fait que, cette fois-ci, le ciel pourrait vraiment leur tomber sur la tête.