La hausse des cas de COVID-19 observée dans les derniers jours à Trois-Rivières est « inquiétante », affirme la santé publique. Une série de mesures y seront prises dès cette semaine et Québec se dit « prêt à déployer un passeport vaccinal » dans la région, au besoin.

« On observe depuis quelques jours une augmentation de cas inquiétante avec 98 nouveaux cas en 4 jours dans la région. C’est d’autant plus inquiétant qu’on sait que le variant Delta est bel et bien implanté au Québec », a indiqué le ministre du Travail et responsable de la Mauricie–Centre-du Québec, Jean Boulet, lors d’une conférence de presse.

De ces 98 cas, la plupart étaient des jeunes de 18 à 39 ans non vaccinés ou n’ayant reçu qu’une seule dose. Le ministre affirme qu’à un mois de la rentrée, « il faut absolument éviter que cette hausse de cas s’aggrave ». « Il reste seulement quelques milliers de personnes à vacciner sur le territoire pour atteindre la cible minimale dans chaque groupe d’âge », a dit M. Boulet, appelant à la « mobilisation » de la population.

On compte près de 68 cas actifs de COVID-19 par 100 000 habitants à Trois-Rivières. La ville compte pour la majorité des nouvelles infections de la Mauricie–Centre-du-Québec, où on recense 28,6 cas actifs par 100 000 habitants. Seule la région de Laval totalise plus de cas actifs dans la même proportion, avec 36,5.

À Trois-Rivières, des commerces – notamment des bars et des restaurants – ont fermé cette semaine de manière préventive, souvent pour faire du dépistage de leurs employés ou clients. La plupart l’ont fait de leur gré, et non sur ordre de la Santé publique.

Avec 72,7 % de sa population ayant reçu au moins une dose et 58 % ses deux doses, la Mauricie-Centre-du-Québec est pile dans la moyenne provinciale quant à la vaccination.

Le tout survient alors que le Grand Prix de Trois-Rivières doit avoir lieu du 6 au 15 août. Des citoyens inquiets exigent des mesures plus fortes, notamment le port du masque en tout temps. « S’il fallait ajouter des mesures additionnelles pour prévenir la propagation du virus, soyez assurés qu’on a toute la collaboration du Grand Prix. Tout le nécessaire sera fait pour que ça ait lieu comme prévu », a réagi le PDG adjoint du CIUSSS de la Mauricie–Centre-du-Québec, Gilles Hudon.

L’idée d’un passeport vaccinal « envisagée »

Au besoin, Québec n’exclut pas non plus de prendre des mesures plus fortes dans la région. « Nous serons prêts à déployer un passeport vaccinal si jamais la situation se détériorait. Il appartient à chaque Québécois d’aller chercher sa deuxième dose pour pouvoir maintenir ses activités », a soutenu le ministre Boulet.

D’après lui, il ne faut pas nécessairement « anticiper la mise en application d’un passeport vaccinal » dans les prochaines semaines. « Ça reste hypothétique, mais on est prêts à le faire comme alternative à un confinement ou un changement de palier de la Mauricie », a-t-il insisté.

Quatre mesures seront prises dans les prochains jours pour « éradiquer le foyer d’éclosion à Trois-Rivières ». Dès jeudi, une « opération spécifique » sera tenue au centre-ville de Trois-Rivières. L’objectif : « aller dans les bars ou les commerces pour sensibiliser les gens à l’importance des mesures sanitaires ».

Dès mercredi, et jusqu’à samedi, une clinique mobile de vaccination sera aussi installée rue des Forges. Le CIUSSS se dit d’ailleurs « à la recherche de locaux » pour installer une clinique de dépistage temporaire sur la même artère.

On aura aussi des intervenants psychosociaux qui vont aller à la rencontre de la population au centre-ville, sur la rue des Forges, pour sensibiliser les gens à l’importance de se faire vacciner et de se faire dépister.

Gilles Hudon, PDG adjoint du CIUSSS de la Mauricie

Le variant Alpha en cause

Selon la médecin-conseil à la Direction régionale de la santé publique du CIUSSS, la Dre Danièle Samson, c’est surtout le variant Alpha, en provenance du Royaume-Uni, qui est en cause dans les éclosions actives de la région. « Il y a eu du criblage qui a été fait sur une des principales éclosions, puis c’est du variant britannique. C’est sûr qu’on a eu du Delta, mais la principale éclosion, présentement, c’est du britannique », a-t-elle certifié.

« Ce qui cause l’augmentation des cas présentement, c’est des partys entre amis, certaines réunions familiales et vraiment, la fréquentation des bars. On ne parle pas de gros évènements qui amènent la situation présente », a-t-elle aussi précisé.

Si la plupart des établissements tiennent adéquatement un registre des clients, « il pourrait y avoir des améliorations » à certains endroits, a aussi convenu la Dre Samson. « Des fois, on a des listes de contacts où on peut avoir : “Al Capone, 911”. En général c’est bien fait, mais il pourrait y avoir des améliorations dans certains lieux, parce que parfois, les gens marquent un petit peu n’importe quoi. »