Le format est attirant. On pourrait dire qu'il s'agit d'une comédie musicale pour enfants. C'est léger; habilement chorégraphié; bien joué; les voix sont harmonieuses, la musique accrocheuse, les mots pétillants.

Résultat d'une «carte blanche» faite à la jeune auteure Érika Tremblay-Roy et au musicien Laurier Rajotte, Tante T est une proposition singulière qui nous sort un peu des sentiers battus. Ce qui est toujours bienvenu.

Tante T est une vieille femme verbomotrice, qui a des pertes de mémoire. À tel point qu'elle ne se souvient même plus de son nom... Elle parle sans cesse, se rappelle ceci et cela, fouine dans le dictionnaire (à la lettre T), s'écrit des notes sur de petits bouts de papier, collectionne des objets, etc.

Accueillie par la famille de son neveu (ou de sa nièce, ce n'est pas très clair, mais pas très important non plus), cette femme pleine de vie devient rapidement un poids pour ses hôtes. Pour le père et la mère, mais surtout pour l'enfant, interprétée par Érika Tremblay-Roy, qui n'est désormais plus le centre d'attention.

La quasi-totalité de la pièce tourne autour de cette rivalité entre la vieille tante, interprétée avec beaucoup d'esprit et d'humour par France Arbour, et la petite fille, qui n'en finit plus de la dénigrer, de la houspiller, et même de lui lancer des vacheries bien senties. Tout pour la faire taire. En chantant, bien sûr, ce qui donne toute la saveur à cette production originale, mise en scène par Isabelle Cauchy.

Mais voilà, la vieille tante finira par se taire, mettant la petite famille dans tous ses états. La petite se remet en question. Les parents (très justes André Gauvreau et Pascale C. Tremblay) s'animent à la manière des personnages d'une maison de coucou; tantôt exténués par la présence de Tante T, tantôt espérant le retour de sa routine journalière.

L'effet est assez réussi et capte le jeune public, mais finit par tourner en rond. Les premières scènes, pleines de belles promesses, se répètent inlassablement, sur des tempos qui varient. Ce qui ne déplaira peut-être pas aux enfants, mais agacera peut-être l'adulte...

La relation entre la petite fille et la vieille tante en reste longtemps au stade de la confrontation. On aurait souhaité voir se tisser des liens entre les deux. Les dernières scènes vont bien sûr dans ce sens, mais restent en surface. Cela n'empêche pas le Petit Théâtre de Sherbrooke de montrer son savoir-faire en matière de théâtre musical. Et de charmer le jeune auditoire, en particulier les jeunes filles.

Enfin, Tante T aborde discrètement le thème du legs et de la transmission de notre patrimoine, de notre histoire familiale, aussi de la tolérance et du respect vis-à-vis des vieux. Voilà des sujets plus graves, qui cadrent peut-être moins bien avec ce format de spectacle, mais qui font quand même leur bout de chemin, et qui peuvent sans doute alimenter la discussion avec vos mioches, qui ne doivent quand même plus être très nombreux à vivre avec leur vieille tante ou leur grand-mère.

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Tante T, du Petit Théâtre de Sherbrooke. À la Maison Théâtre jusqu'au 13 février. Pour les enfants de 7 ans et plus.