La nouvelle création du Cirque Éloize, iD, est un conte urbain sur l'identité qui combine arts du cirque, sports extrêmes et break dance. Présenté en Corée du Sud l'an dernier, le spectacle sera à l'affiche du 8 au 25 juillet à Montréal avec de nouveaux numéros et de nouveaux artistes. La Presse a assisté aux réunions de production, aux entraînements, au montage du décor et aux répétitions, au cours des dernières semaines.

10 juin > Locaux du Cirque Éloize, 417, rue Berri, à Montréal. Assemblage du décor.

Des techniciens montent un «trampomur», un mur de six mètres de haut, en bois et en acier, perpendiculaire à un trampoline. C'est un personnage à part entière d'iD, dont l'action se déroule sur la place d'une métropole occidentale. Krzysztof Soroczynski, concepteur acrobatique du spectacle, dit qu'il s'est inspiré d'un souvenir de son enfance, en Pologne, pour ce concept.

 

«Ma grand-mère avait une ferme dans laquelle il y avait plein de fenêtres, de grandes portes et d'espaces avec du foin où on se forgeait des tunnels, des labyrinthes et des cachettes avec mes cousins et mon frère, dit-il. On sautait dans les meules de foin. Quand j'ai créé ce trampomur, j'ai beaucoup pensé à la ferme.»

Krzysztof Soroczynski voulait qu'on ait l'impression que le trampomur soit vivant. Il y a donc des insertions dans lesquelles on place des cubes, des montants et des mini-murs qui sortent comme des membres articulés en interaction avec les acrobates. «Je veux que le public ait peur qu'il arrive quelque chose aux acrobates, qu'il y ait toujours une part de frissons et de suspense», explique-t-il.

«La création du trampomur a été un grand défi, ajoute Éric Galipeau, directeur technique d'iD.Ça prend 12 heures pour le monter car l'armature et les éléments mécanisés sont très compliqués.»

11 juin > Les artistes se réunissent pour étudier les figures. Le spectacle iD demande beaucoup de travail et une finition impeccable, dit Nicole Bouchard, directrice des communications du Cirque. «Le spectacle va, de façon inédite, combiner 12 disciplines des arts du cirque, dont le cerceau, le trampoline, le trapèze, le vélo, le patin à roues alignées, avec de la danse, du hip-hop et ses variantes. Le tout avec du multimédia et la musique de Jean-Phi Goncalves et Alex McMahon.»

14 juin > La Presse assiste à l'entraînement des artistes. Ils viennent de partout. Danseur, Kone Thong Vongpraseuth est français et laotien. D'une souplesse incroyable. Danseuse, contorsionniste et gymnaste, la Suissesse Emi Vauthey ne l'est pas moins. Spécialiste du mât chinois, l'Américain Fletcher Sanchez dégage une force de titan. «On décloisonne les frontières pour faire quelque chose de nouveau», dit M. Painchaud.

Josianne Levasseur, anciennement du Cirque du Soleil, participe à la gestion de l'entraînement. Elle donne des conseils, elle écoute.

Le danseur américain Richard Maguire (Richie), qui a travaillé avec Dragone à Las Vegas pour Le rêve en 2004, montre ses talents et sa souplesse. «Il était gymnaste à l'origine, dit Jeannot Painchaud. Il connaît par coeur les danses urbaines. Il va te dire: «Tu vois, ça, c'est une danse qui vient de telle rue à New York.»»

Puis, les artistes enchaînent avec un numéro de corde à sauter. Une spécialiste de la corde à sauter est venue de New York durant trois jours pour montrer les techniques de base. Josianne Levasseur est responsable de l'application de la technique. L'Allemand Christian «Sancho» Garmatter, de la chorégraphie. Pas facile. Les jeunes s'emmêlent les pinceaux. Comment pourront-ils être prêts à temps? «Ils le seront, même si ça devrait prendre un an pour monter ce numéro», dit Jeannot Painchaud.

Puis, Jean-Philippe Cuerrier et Catherine Girard exécutent leur numéro de main à main qui requiert force, équilibre et concentration.

17 juin > Après plusieurs essais infructueux, le chapiteau est levé sur le quai de l'Horloge. La structure de couleur crème est installée non loin des chapiteaux du Cirque du Soleil.

18 juin > Studio de Jean-Phi Goncalves et Alex McMahon, rue Saint-Denis.

Collaborateurs du Cirque Éloize depuis 2001, le musicien de Beast et le claviériste de Yann Perreau ont composé la trame sonore d'iD en Corée du Sud. Ils travaillent jour et nuit à créer la musique des nouveaux numéros du spectacle.

«C'est exigeant, confie Jean-Phi. On crée pendant qu'ils répètent, on va au cirque voir ce qu'ils font, la vibe générale du numéro, et c'est à la fin seulement qu'on voit le résultat.» Comment fait-on pour composer à deux? «La graine peut venir de l'un et la rose de l'autre», précise-t-il.

Jean-Phi ajoute que la trame sonore doit inspirer l'artiste. «Parfois, il trouve la section musicale faible par rapport à ce qu'il fait, dit-il. Donc on retravaille le morceau car ils vont être pris avec pendant longtemps!»

Les deux compositeurs font écouter le fruit de leur travail. Dans le numéro du mât chinois, la confrontation entre deux gangs de rue est illustrée par des passages sombres, des tambours et des sons urbains. Le piano prend le relais pour les moments plus doux et il y a même du chant en espagnol par le rappeur québécois Boogat.

28 juin > Chapiteau du quai de l'Horloge. Répétition du numéro de corde à sauter.

Un artiste saute à la corde et passe sur la même corde cinq partenaires l'un après l'autre. Au bout de deux essais, ça fonctionne. D'autres artistes entrent dans la danse. Le numéro est compliqué. Il faut recommencer plusieurs fois. Assis sur la scène, la troupe discute. Les jeunes s'étirent les muscles, les pieds et les chevilles.

Puis, on refait le numéro qu'on filme. Il y a moins d'erreurs. Quand ça fonctionne bien, c'est dynamique et spectaculaire. Jeannot applaudit. Les artistes regardent la vidéo pour voir où ça coince. «C'est très technique car il faut faire le geste et en même temps compter les temps de la musique», indique Jeannot Painchaud.

Nicolas Fortin et Hugo Ouellet-Côté s'entraînent ensuite à jongler. Des techniciens règlent la lumière. Il ne faut pas éblouir l'artiste.

29 juin > Chapiteau du quai de l'Horloge. Conférence de presse.

Le cirque présente aux médias deux extraits d'iD. Premier numéro: Xuan Le, champion français de patin à roues alignées, se «bat» avec le danseur suédois Elon Höglund, quand surgit le cycliste Thibaut Philippe sur son vélo de trial. Le numéro est rapide, mais le pneu du vélo de Philippe crève. Le trio refait ensuite le numéro à la perfection.

Le deuxième numéro est époustouflant avec la contorsionniste Leilani Franco et Christian Garmatter. Numéro très poétique. Les décors, les costumes et la lumière ajoutent à l'ambiance des lieux: le chapiteau de cirque avec ses bancs en bois fait rêver. «On est fébrile car il y a beaucoup de détails auxquels penser, mais c'est un véritable plaisir d'être dans un chapiteau», dit Jonathan St-Onge, producteur délégué d'iD.